Un robot ménager vendu 99.90 fr. au lieu de 249 fr., un fauteuil en cuir noir cédé à 799 fr. à la place de 1999 fr. ou encore un fer à friser qui passe de 79.90 fr. à 39.95 fr. Ces offres très alléchantes ont été proposées par Conforama. Mais il y a un hic: le Ministère public du canton de Vaud accuse l’enseigne d’avoir, depuis plusieurs années et dans toute la Suisse, «pratiqué une politique d’affichage des prix volontairement trompeuse pour la totalité ou la quasi-totalité de ses actions». Conforama, qui conteste les faits, aurait gonflé ses rabais en indiquant des prix barrés trop élevés. Un procès est en cours à Lausanne et les exemples ci-dessus font partie d’une liste d’une centaine de produits cités dans l’acte d’accusation. Alors, comment éviter les faux rabais?
Face aux prix barrés
Les commerces peuvent indiquer leurs promotions de diverses manières. Une de leurs méthodes favorites consiste à comparer, sur l’étiquette, le prix actuel abaissé de l’article avec son prix précédent. Ce dernier sera, par exemple, barré, ou précédé de la mention «au lieu de». Selon la loi, l’ancien prix doit avoir été réellement appliqué juste avant l’action et cela pendant une durée deux fois plus longue que le temps de la réduction. De surcroît, cette dernière ne doit pas dépasser deux mois.
Certaines enseignes ne respectent pas ces délais ou gonflent leurs rabais en falsifiant l’ancien prix. Conforama aurait, par exemple vendu son fauteuil en cuir noir entre 799 fr. et 999 fr. pendant onze mois, alors que l’étiquette affichait un prix barré de 1999 fr. sur toute cette période.
Notre suggestion: le commerce qui annonce une grosse réduction, qu’elle soit réelle ou gonflée, n’est pas pour autant le moins cher. Seule la comparaison du prix soldé avec les offres de la concurrence permet de déterminer s’il s’agit vraiment d’une bonne affaire. Grâce à Internet, cette vérification ne nécessite que quelques minutes. Si l’article n’est pas proposé ailleurs, on peut confronter son prix soldé avec celui de produits similaires.
Les prix de lancement
Les enseignes ont le droit de promouvoir leurs nouveaux produits avec un «prix de lancement», annoncé comme tel, par exemple «Téléviseur Top1, prix de lancement 898 fr. au lieu de 1298 fr.». Le magasin devra pratiquer le prix normal immédiatement après la période de lancement sur une durée deux fois plus longue que cette dernière. L’offre ne doit pas dépasser deux mois.
Notre suggestion: ne pas se laisser embobiner par l’ampleur du rabais annoncé. Garder la tête froide et rechercher le prix du même article ailleurs ou, à défaut, d’un produit semblable.
Comparaison avec la concurrence
Certains commerces comparent leurs prix avec ceux de la concurrence dans un but publicitaire. Il y a, bien sûr, des limites légales: le «prix de la concurrence» mentionné doit être effectivement pratiqué par d’autres vendeurs «pour une part prépondérante du même produit». Cet aspect est essentiel: la comparaison doit être effectuée avec les principaux concurrents. Conforama aurait aussi contrevenu à cette règle. Par exemple, un aspirateur Rowenta vendu 179 fr. était accompagné d’un prix de la concurrence de 369 fr. Or, selon le Ministère public vaudois, «la part prépondérante des concurrents offrait alors cet article à des prix variant entre 162.50 et 199 fr., quelques rares concurrents mineurs l’offrant à un prix approchant 229.95 fr.».
Notre suggestion: déterminer quels sont les meilleurs prix de la concurrence. On peut, par exemple, utiliser le comparateur toppreise.ch.
Les soldes
Les articles soldés sont censés représenter des fins de série dont les commerces veulent se débarrasser. Il peut donc y avoir de bonnes affaires. Mais des produits de basse qualité, notamment des vêtements, sont parfois commandés spécialement pour les rayons des soldes.
Notre suggestion: s’il s’agit d’un modèle qui n’est plus fabriqué, trouver son ancien prix sur internet pour s’assurer du rabais réellement consenti. Lorsque cela n’est pas possible, examiner le produit afin d’évaluer le rapport qualité/prix.
Avec les actions
Selon le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO), le mot «action» doit désigner un prix avantageux proposé pour une période déterminée, mais il n’est pas obligatoire que l’article ait été vendu auparavant par l’enseigne elle-même. Il peut en effet s’agir d’«un prix avantageux par rapport au prix habituel du produit».
Notre suggestion: comparer, ici encore, afin de vérifier si l’action est réellement avantageuse.
La prudence est de mise
Il faut aborder les offres promotionnelles avec un œil critique, car l’affaire Conforama est loin d’être un cas isolé. Des enseignes comme Ochsner Sport, Fust et M-electronics ont été condamnées, ces dernières années pour des rabaits gonflés. Une campagne de contrôle menée par 18 cantons en 2021 sous l’égide du SECO a montré qu’un prix comparatif sur deux ne respectait pas les prescriptions légales (lire: «Rabais gonflés ou fictifs: la prudence est de mise!»). Si vous avez été trompé par une fausse promotion, le Service juridique de Bon à Savoir conseille d’exiger un remboursement. On peut aussi transmettre le cas à la Police du commerce qui dénoncera l’enseigne, le cas échéant.
Sébastien Sautebin