Quand le soleil tape sur la baie vitrée du salon ou que le rôti termine sa cuisson dans le four à la cuisine, les radiateurs «standard» continuent à chauffer au maximum: c’est normal, puisque la sonde régissant l’installation est généralement située à l’extérieur et à l’ombre.
Pour diminuer la consommation d’énergie sans perte de confort, il vaut donc la peine de faire poser sur chaque radiateur des vannes thermostatiques. Elles maintiendront, comme leur nom l’indique, une température constante dans chaque pièce. Attention toutefois: si l'on ne comprend pas le principe de cette technologie, le chauffage consommera davantage qu’avant! Tour du robinet en huit questions.
1 / Comment ça fonctionne?
Une vanne thermostatique est graduée de 1 à 5 (voir schéma). A l’intérieur se cache une sonde composée d’un liquide, d'un gel ou d'un gaz qui se dilate ou se contracte en fonction de la chaleur ambiante. Si la vanne est réglée sur 3 (20°C) et que la température mesurée est inférieure, le bulbe se contracte, entraînant l’ouverture d’un clapet et libérant le débit. S’il fait plus chaud, le bulbe se dilate et ferme la valve.
2 / A quoi ça sert?
Les radiateurs intelligents évitent de surchauffer les pièces bénéficiant d’autres apports d’énergie: ensoleillement naturel, ordinateurs ou four enclenchés ou rassemblement de plusieurs personnes. «On estime que, en diminuant la température d’un logement de 1°C, on économise 6% à 7% d’énergie», explique Jürg Nipkow, expert en énergie à l’Agence suisse pour l’efficacité énergétique (SAFE). Une diminution moyenne de 2°C sur l’ensemble du logement représente ainsi une baisse des coûts du chauffage de quelque 10%. Et cela, sans baisse de confort, si le radiateur, comme c'est souvent le cas, surchauffait.
3 / Comment régler la vanne?
Une vanne n’est pas un interrupteur qu’on actionne plusieurs fois par jour. C’est un instrument qu’on règle une fois pour toutes, afin d’adapter la température de chaque pièce selon l’usage qu’on en fait (voir schéma). La différence entre le jour et la nuit doit être faite en amont, sur le chauffage central: il est donc inutile de baisser les vannes, le soir, sauf si on dort la fenêtre ouverte (voir plus loin). On peut en revanche diminuer la température souhaitée lors d’absences prolongées ou dans les locaux rarement utilisés.
Trois erreurs à éviter: si l'on ferme un radiateur et qu’on ouvre l’autre à fond, on augmente la consommation au lieu de la diminuer. Lorsque plusieurs vannes se trouvent dans la même pièce, il est préférable de les régler sur la même position. Et, si l'on entre dans un local inoccupé où la vanne était réglée au minimum, il ne faut pas la «pousser» au maximum, ce qui aurait pour conséquence de surchauffer inutilement la pièce à 24°C sans que l’eau arrive plus vite dans le corps de chauffe. On optera donc directement pour la température souhaitée.
Si, enfin, on a trop chaud ou, au contraire, trop froid, ne pas jouer au yoyo en fermant ou en ouvrant le robinet, mais tenter de trouver la température idéale en modifiant progressivement le réglage. Le mécanisme a en effet une imprécision pouvant atteindre 1°C, voire 1,5°C. Il est en outre préférable d’acheter un thermomètre plutôt que de se fier à ses seules sensations.
Pendant l’été, le chauffage central doit être arrêté et les vannes réglées au maximum, afin de ménager le mécanisme.
4 / Comment aérer sans gaspiller?
Lorsque la pièce se rafraîchit, le thermostat réagit en conséquence et augmente le débit du radiateur. Si l'on aère sur la durée, la consommation d’énergie va donc croître drastiquement. On estime qu’une fenêtre basculante entrouverte en permanence brûle, à elle seule, l’équivalent de 200 l de mazout par année! Pour aérer efficacement, on ouvrira donc grand les battants plusieurs fois par jour, mais entre cinq et dix minutes au maximum. Et, si on dort la fenêtre ouverte, on veillera à régler la vanne chaque soir sur «hors gel».
5 / Comment exploiter au mieux la chaleur?
Au sortir de la douche, rien de plus confortable qu’une serviette chaude. On veillera toutefois à la placer derrière les tuyaux du radiateur. Si on la fait passer devant, elle empêchera la chaleur de se diffuser dans la salle de bain. Les linges de toilette ne devraient du reste pas rester en permanence sur le chauffe-serviette, mais seulement pour y être séchés ou avant d’être d’utilisés.
Pour la même raison, éviter de placer une étagère, une tablette ou un rideau directement sur le radiateur, car la chaleur ne peut, dans ce cas, rayonner dans la pièce. Ce qui aura pour effet de faire tourner la chaudière à vide, sans pour autant en sentir les effets.
6 / Que faire si la vanne est grippée?
Il peut arriver que la vanne ne réponde plus quand on remet le chauffage en marche. Pour la dégripper, on dévissera la tête en plastique, afin de mettre à jour la petite tige qui régit le mécanisme. Si celle-ci reste enfoncée, on la tapotera avec un marteau pour la dégripper. Attention à ne pas tenter de la saisir avec une pince, car on risquerait de l’arracher et d’endommager la vanne. Revisser ensuite celle-ci à la main, sans forcer.
7 / Que penser des vannes programmables?
A la fin de l’année 2013, les abonnés du Groupe E se sont vus proposer des vannes thermostatiques électroniques et programmables (voir photo) avec, à la clé, une économie d’énergie pouvant atteindre 40%. Il est en effet possible de programmer chaque radiateur en fonction de ses absences, en baissant, par exemple, la température dans la journée quand on est au travail ou lors du week-end.
Cette offre laisse Jürg Nipkow très sceptique. D’abord, parce que ce gadget ne se laissera pas apprivoiser par tout le monde et, ensuite, parce qu’il juge l’économie promise irréaliste: «Comment économiser plus du tiers de sa consommation sans ressentir une baisse de confort?» Iris Mende, la porte-parole du Groupe E, reconnaît que la publicité s’adresse en premier lieu aux ménages qui ne sont pas encore équipés de vannes thermostatiques.
8 / Combien ça coûte?
Compter entre 100 fr. et 120 fr. par radiateur pour le matériel et la pose de vannes thermostatiques. L’installation est réservée aux bons bricoleurs. Les modèles avec programmation électronique coûtent, grosso modo, 50 fr. de plus.
Claire Houriet Rime
Chauffer futé sans grelotter
Avec ou sans vannes thermostatiques, six réflexes réduiront la note, sans renoncer pour autant à son confort.
Ne pas pousser le chauffage à fond sur les radiateurs sans vanne thermostatique. On trouvera la position idéale de la vanne, plutôt que d’aérer s’il fait trop chaud.
Baisser de 1°C la température dans les pièces où l'on bouge: cuisine, WC, coin à manger, entrée ainsi que dans la chambre à coucher.
Nettoyer régulièrement la chaufferie et aérer sans trop la refroidir pour optimiser le tirage de la chaudière (la largeur de l’ouverture ne devrait alors pas dépasser deux paumes de la main).
Fermer stores et volets la nuit, surtout si les fenêtres n’isolent pas du froid.
Limiter le débit des robinets à 6 l/minute, celui de la douche à 12 l/minute. La température de l’eau chaude devrait varier entre 55°C et 60°C.
Isoler les conduites dans les locaux non chauffés si leur température dépasse celle du corps.