Quand une fenêtre se casse sans raison, inutile d’accuser le chat: il s’agit à coup sûr d’un choc thermique, facilement identifiable par l’éventail de fissures qui part du bord de la vitre.
En effet, si les anciennes fenêtres laissaient passer le chaud et le froid, les verres isolants atteignent des températures élevées. La couche thermique, ayant pour fonction de retourner un maximum de chaleur vers l’intérieur du bâtiment, retient les rayons du soleil grâce aux oxydes de métaux qui la composent. Le phénomène est particulièrement marqué au printemps et en automne, quand la lumière est rasante.
Or, si l’on place un objet sombre derrière la vitre, c’est lui qui absorbera cette chaleur, concentrant cette dernière sur un point du verre. Si l’autre partie du vitrage reste froide, elle empêche l’endroit chauffé de se dilater librement, générant ainsi des tensions entre les deux zones. Il suffit ainsi d’une différence de 40° C pour créer un choc thermique.
Bris de glace couverts
Ce problème peut survenir aussi bien sur des doubles que des triples vitrages. Plus le facteur d’absorption énergétique du verre est élevé, plus la fenêtre s’échauffe sous l’effet de l’ensoleillement. Comme c’est le verre intérieur qui a reçu la couche thermique, c’est lui qui se brise, et ce d’autant plus facilement quand les bords sont abîmés ou écaillés.
Voilà pour l’explication du phénomène. Reste à déterminer qui paie les dégâts en cas de sinistre. Inutile de se retourner contre le fabricant ou le vitrier: selon l’Institut suisse du verre dans le bâtiment, les dégâts résultant d’une surcharge thermique ne relèvent pas de la garantie. Lors de la pose, le client doit être informé des précautions à prendre (lire encadré).
Il faudra donc s’adresser aux compagnies d’assurances. Ce genre de sinistre est connu, même si les statistiques ne font pas la différence entre les diverses origines de la casse. «Les bris de glace sont couverts quelle que soit leur cause», résume Bernd de Wall, porte-parole d’Allianz. Isabelle Schmidt-Duvoisin, porte-parole de La Mobilière, relève, de son côté, que le verre ayant pris une place de choix dans l’architecture contemporaine, le coût des sinistres a augmenté en proportion.
La prise en charge des réparations varie selon le statut de l’occupant.
⇨ Chez les propriétaires, c’est l’assurance du bâtiment qui prendra en charge les frais de réparation après déduction de la franchise. «A condition, précise David Schaffner, porte-parole de Zurich, d’avoir conclu une police pour bris de glace».
⇨ Les choses sont un peu plus compliquées pour les locataires. «Ils sont nombreux à ignorer ce risque», souligne Isabelle Schmidt-Duvoisin. Si le propriétaire oublie d’informer les occupants de ce problème, que ce soit en leur remettant une feuille d’information, en ajoutant une remarque dans le contrat de bail ou le règlement intérieur, le locataire ne peut pas être tenu pour responsable des fissures. Ce n’est donc pas à lui de payer la réparation. Le propriétaire doit changer la fenêtre à ses frais.
⇨ En revanche, si le bailleur a averti les occupants du risque, ces derniers feront changer la vitre à leurs frais, quitte à se faire rembourser par leur assureur RC.
Claire Houriet Rime
Prévention
Eloignez les meubles!
Quelques précautions permettent d’éviter la casse.
⇨ En cas d’ensoleillement direct, ne pas superposer les éléments de fenêtres coulissantes.
⇨ Aucun objet sombre (coussins, poufs, fauteuils) ne devrait être placé à moins de 30 cm du vitrage.
⇨ Ne pas baisser les stores à moitié ni tirer des rideaux sombres partiellement quand le rayonnement est intense.
⇨ Ne pas peindre les verres isolants, ne pas coller dessus de décorations ni de silhouettes d’oiseaux.
⇨ Eviter les ombres partielles sur la vitre.
⇨ Utiliser du verre trempé qui peut encaisser un écart de température de 150° C, moyennant un supplément de
60 fr. à 70 fr. le m2.