Du rendement, mais à quel prix?
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Bon à Savoir
02.09.2022
Faut-il se détourner de l’élevage industriel? Mieux prendre en compte le bien-être des animaux de rente? C’est le souhait de l’initiative soumise au vote à la fin de ce mois, mais pas celui des autorités fédérales et des opposants au texte pour qui la loi suisse sur la protection des animaux est déjà l’une des plus strictes du monde.
Sans s’auto-flageller, ni taxer tous les éleveurs de...
Faut-il se détourner de l’élevage industriel? Mieux prendre en compte le bien-être des animaux de rente? C’est le souhait de l’initiative soumise au vote à la fin de ce mois, mais pas celui des autorités fédérales et des opposants au texte pour qui la loi suisse sur la protection des animaux est déjà l’une des plus strictes du monde.
Sans s’auto-flageller, ni taxer tous les éleveurs de bourreaux, il faut bien admettre une chose: la majorité de nos bêtes de rente ne s’ébattent pas dans le Pays de Cocagne vanté par la publicité. Un exemple? L’élevage des poules en batterie est interdit depuis plus de deux décennies dans notre pays. Et, pourtant, la réalité des volatiles «à haut rendement» reste peu enviable. Le squelette de ces championnes de la ponte (elles fournissent en moyenne 323 œufs par an) manque de calcium, mobilisé pour fabriquer les coquilles. Résultat, d’innombrables cas d’os fracturés, comme l’a révélé Bon à Savoir en mars.
Les bêtes sélectionnées pour leurs performances économiques sont plus fragiles que les autres. Nos vaches laitières souffrent souvent d’inflammations des mamelles causées par des germes. On les soulage à l’aide d’antibiotiques. A tel point que, d’après les chiffres de 2020 de l’Agence européenne de surveillance de la consommation d’antibiotiques vétérinaires, nos éleveurs en administrent 18 fois plus que leurs homologues danois. Et même 90 fois plus que les Norvégiens. Notre agriculture produit ainsi chaque année 80 millions de litres de lait chargés de résidus médicamenteux et impropres à la consommation.
Les dégâts collatéraux d’une agriculture focalisée sur le rendement ne manquent pas. Si un durcissement du cadre légal imposerait, certes, aux paysans des contraintes et des coûts supplémentaires, il n’est pas interdit de s’interroger sur nos pratiques. D’autant plus quand on se targue d’être le premier de la classe.
Geneviève Comby