Consommatrice et gréviste, ça rime à quoi? Les actions prévues le 14 juin ne concernent ni la femme d’affaires pressée de faire ses courses, ni l’acheteuse attentive aux additifs et, encore moins, la fashionista comblée. Activistes, passez votre chemin, ces préoccupations sont déplacées dans un magazine de consommation.
Sauf, bien sûr, pour nos lectrices coquettes. Bienvenue au rayon des rasoirs roses et des mousses couleur pastel: pour traquer le poil maudit, elles débourseront davantage que leurs conjoints. On appelle ça la taxe rose, et c’est comme ça.
Sauf, bien sûr, pour les 60% des femmes qui exercent un métier à temps partiel. A la retraite, leurs rentes additionnées ne parviendront qu’aux deux tiers de celles de leurs collègues masculins, la faute aux règles en vigueur dans le 2e pilier. On appelle ça la déduction de coordination, et tant pis si ces employées ont élevé leurs enfants pendant leur temps «libre»: c’est comme ça.
Sauf, bien sûr, pour celles qui travaillent à temps complet. Leur revenu brut sera tout de même inférieur de 12% à celui de leurs confrères. On appelle ça l’écart salarial. Il diminue certes constamment, mais ça reste comme ça.
Sauf, bien sûr, pour toutes celles qui contractent une assurance maladie complémentaire. Car leur prime mensuelle coûte 8% plus cher que celle d’un assuré du même âge. On appelle ça le calcul actuariel couvrant le risque maternité: un terme réducteur pour une belle aventure, mais c’est comme ça.
Bref, si ces grains de sable vous empêchent de voir la vie en rose, le 14 juin prochain, à défaut de faire la grève du supermarché, épinglez un ruban violet à votre col. On appelle ça la solidarité, et ça fait du bien.
Claire Houriet Rime