De pauvres petites roulettes qui dépassent et c’est la sanction: votre bagage «cabine» file en soute. Combien de passagers sur le point d’atteindre le tarmac se sont-ils retrouvés, penauds, avec une valise trop grande de quelques centimètres? On ne compte plus les témoignages courroucés de voyageurs sommés de payer un supplément avant d’embarquer.
Prendre l’avion en Europe peut virer au casse-tête. Les transporteurs appliquent leurs propres règles: chacun fixe les dimensions des bagages à main autorisés à bord sans frais et les modifie quand bon lui semble. Dans ce domaine, la tolérance est à géométrie variable, mais elle a globalement bien rétréci en une décennie. Et les voyageurs mal renseignés n’ont d’autre choix que de passer à la caisse.
Cette cacophonie pourrait, toutefois, prendre fin. Concerné par les «préoccupations des citoyens quant aux inconvénients et à l’inconfort causés par l’incohérence des règles des compagnies aériennes», le Parlement européen a adopté, cet automne, une résolution en faveur d’une harmonisation des tarifs et des dimensions des bagages à main.
Si la démarche aboutit, la législation sera révisée et la vie des passagers s’en trouvera simplifiée. De là à affirmer que ceux-ci y gagneront aussi financièrement, rien n’est moins sûr. L’argent perçu sur nos valises est au cœur de la stratégie commerciale des compagnies aériennes. Parmi les frais «annexes», la part des bagages n’a cessé d’augmenter. Entre 2022 et 2023, elle aurait grimpé de 15% pour atteindre 33 milliards de dollars de recettes, selon une estimation mondiale réalisée par le cabinet de conseil IdeaWorksCompany, basé aux Etats-Unis.
La manne financière en jeu est immense. Si une harmonisation des règles devait donner un coup de frein à ces juteux frais «annexes», ce sont les prix des billets d’avion qui risquent de s’envoler, comme le prédisent déjà certains observateurs.
Geneviève Comby