Je me demande si le fait d’être en forme, ne représente pas quelque part un danger pour sa santé. Vous vous dites «je suis en forme, tout va bien»? Il est possible que cette affirmation doive être nuancée. Explications.
Un grand vide de plusieurs dizaines d’années
Il est bien sûr préférable d’être en bonne santé que malade. Mais être en bonne santé signifie que vous n’avez jamais de contact avec un professionnel de la santé, avec votre médecin par exemple. Donc que vous ne faites peut-être pas tout ce que vous pourriez faire pour votre santé. Tout le monde s’accorde à le dire: mieux vaut prévenir que guérir. Or, en réalité, notre système n’encourage pas la promotion de la santé.
L’enfant consulte son pédiatre les premières années de sa vie, pour les vaccins et autres contrôles. Il y a ensuite le plus souvent un grand vide de plusieurs dizaines d’années avant que cette personne ne revoie son médecin pour un bilan, le plus souvent à partir de 50 ans, et encore, tout le monde ne fait pas cette démarche. Il y a bien sûr de nombreuses situations où le patient doit voir son médecin, les femmes leur gynécologue, tout un chacun pour une grippe ou pour un lumbago, mais ces contacts sont le plus souvent consacrés à régler un problème précis, on n’y parle pas de sa santé en général et de ce qui pourrait être fait pour l’améliorer.
Un système passif
La réalité est celle-ci, notre système de santé est passif. Si vous n’êtes pas malade, vous ne verrez pas de professionnels de la santé durant de très nombreuses années. Je peux comprendre l’argument qui dit qu’il n’y a pas besoin de voir son médecin pour savoir ce qu’il faut faire pour sa santé, on sait qu’il ne faut pas fumer, qu’il faut limiter sa consommation d’alcool et avoir une activité physique régulière. Je pense tout de même que voir son médecin permet d’aller plus loin. Il peut y avoir la mise à jour des vaccins, par exemple pour l’encéphalite à tiques pour ceux qui se baladent souvent dans la nature. Mais aussi pour aborder des problèmes déjà présents comme l’excès de poids, une surcharge de travail qui pourrait se terminer en burnout ou encore pour ce «grain de beauté» qui s’est modifié mais pour lequel vous n’avez pas consulté.
Mon idée n’est pas d’envoyer des gens en bonne santé faire des contrôles inutiles chez leur médecin. Je reste cependant convaincu qu’une immense majorité des personnes en bonne santé qui aurait un contact avec un médecin pourrait profiter d’une intervention utile à leur santé.
Frein financier
Pourquoi une telle situation? Les raisons sont multiples. La première est simplement que même si tout le monde s’accorde sur le fait que la prévention est importante, notre système de santé ne fonctionne pas ainsi, on ne va dans l’immense majorité des cas chez le médecin que si l’on est malade.
La deuxième raison est le manque d’informations santé données à la population. Malgré l’existence du dossier électronique du patient, vous n’avez pas accès à un dossier médical «intelligent», actif, qui de lui-même vous envoie un rappel lorsqu’un vaccin doit être mis à jour ou qui donne aux sédentaires des conseils pour qu’ils puissent augmenter leur activité physique. Le système de santé est passif, le dossier électronique du patient aussi.
La troisième raison est un immense problème qui ne semble pas intéresser nos politiciens. Les primes de nos assurances maladie sont tellement chères que la franchise la plus élevée est souvent l’option retenue pour limiter les frais. De nombreux individus ne consultent donc pas pour des raisons financières.
Un équilibre à trouver
Mon idée n’est pas de dire qu’il faut courir chez le médecin si ce n’est pas utile. Mon propos est de dire que notre système de santé reste malheureusement centré sur le curatif et qu’il serait possible de faire beaucoup mieux, en développant vraiment la promotion de la santé, pour chacun d’entre nous. Vous faites des services pour votre voiture, mais pour vous, rien. Etrange, non?