L’annonce, en septembre dernier, de la sortie des premiers smartphones dits équitables a fait le buzz sur la toile. Le principe est, en effet, séduisant: minerais propres, transparence du prix* et des fournisseurs, salaires équitables, technologie de pointe et de qualité…. On croirait presque au Père Noël!
Financé par les précommandes des internautes selon le principe du crowdfunding, ce téléphone se veut éthique tout au long de sa chaîne de production. Ainsi, les concepteurs se sont assurés que l’approvisionnement des matériaux ne provienne pas de zones de conflits, comme c’est le cas du coltan par exemple, issu de milices armées en République démocratique du Congo. L’entreprise s’est également chargée de garantir de meilleures conditions de travail en confiant la finalisation du produit à l’industriel chinois A’Hong, car «il assemble la quasi-totalité du téléphone au même endroit, ce qui permet d'avoir un seul interlocuteur et de multiplier les visites».
Démontable et réparable
Pour Chantal Peyer, responsable entreprises et droits humains ainsi que de la campagne «High-Tech – No Rights?», de Pain pour le prochain, la démarche est non seulement progressiste dans le domaine de l’industrie électronique, mais aussi intéressante pour le consommateur, «car elle lui permet de se réapproprier les téléphones: le Fairphone est conçu pour être démonté, réparé et réparable.»
A priori, le projet semble donc respecter les principes éthiques et environnementaux qu’il s’est fixé tout en maintenant une certaine qualité technologique. Toutefois, la mention «équitable» induit le consommateur en erreur. Car, comme le précise Chantal Peyer, «la traçabilité de 2 minerais seulement est garantie. Or, l'appareil en contient 50! Il y en a donc 48 dont on ne connaît ni l’origine ni les conditions de production.»
Nous n’en sommes donc pas encore au café ou aux bananes labellisées équitables! Cependant, le succès remporté démontre que les consommateurs veulent des produits éthiques, même s’il s’agit pour l’heure d’un marché de niche.
Plus d’informations sur www.fairphone.com
Melina Amstutz
* Sur les 325 € (390 fr) du prix de vente, 22 sont consacrés à l’engagement éthique de l’entreprise. Le gros des coûts, soit 185 €, est lié à l’achat des composants, au design, à la fabrication et à l’assemblage des composants. Pour le solde, 25 € sont consacrés aux brevets et aux licences, 17,75 € au personnel, bureaux et technologies de l’information, et 56,50 € sont reversés sous forme de taxe.