Je n’en sais rien, mais je sais mieux
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Bon à Savoir 07-2020
01.07.2020
Dernière mise à jour:
04.10.2022
Yves-Noël Grin
Archimède ou Einstein ont toujours fait des envieux. Un nombre incalculable d’énergumènes se plaisent à échafauder des théories sur rien. C’est plutôt cocasse lorsqu’un amuseur public s’autoproclame spécialiste ès je-ne-sais-quoi, dans un domaine qui n’a pas d’incidences sur les autres. On pense aux amateurs de foot qui se métamorphosent en philosophes des talus, sans autre prétention que d’exprimer leur impuissance face au déroulement du jeu.
Les affirmations...
Archimède ou Einstein ont toujours fait des envieux. Un nombre incalculable d’énergumènes se plaisent à échafauder des théories sur rien. C’est plutôt cocasse lorsqu’un amuseur public s’autoproclame spécialiste ès je-ne-sais-quoi, dans un domaine qui n’a pas d’incidences sur les autres. On pense aux amateurs de foot qui se métamorphosent en philosophes des talus, sans autre prétention que d’exprimer leur impuissance face au déroulement du jeu.
Les affirmations fantaisistes sont moins amusantes lorsqu’elles sont proférées par des décideurs ou des influenceurs. On a certes l’habitude de voir des politiques décontextualiser des faits et des chiffres pour cimenter leur argumentaire. Ou miser sur la candeur des plus naïfs pour faire des promesses électorales délirantes. Mais une étape plus effrayante a été franchie au cours de la crise sanitaire actuelle. Drogués à l’arrogance du pouvoir, des dirigeants comme Trump ou Bolsonaro se sont substitués aux experts pour imposer leurs certitudes arbitraires.
Les dérives propagandistes sont certes vieilles comme le monde, mais jamais la distinction entre information et désinformation n’a été aussi complexe. Le public est confronté à une avalanche de données où prolifèrent rumeurs et fake news à une vitesse supersonique. Façonné par internet, le phénomène a été sublimé par les réseaux sociaux. Il a montré son pire visage au plus fort de la crise, avec la circulation d’informations fantaisistes aux conséquences potentiellement graves. Qui n’a pas lu qu’on pouvait se prémunir du coronavirus en buvant du thé chaud ou en mangeant de l’ail?
Ce tsunami d’inepties est si puissant qu’il concurrence la véritable information. Il nourrit même les adeptes de la théorie du complot qui corrigent les experts et décryptent avec simplisme des événements complexes. Dommage que cette contamination abrutissante, voire dangereuse, ne puisse pas, elle aussi, être stoppée par un vaccin.
Yves-Noël Grin