La Ville de Lausanne décrit la forêt de Sauvabelin comme une «véritable oasis de nature en pleine ville». Les échantillons de sol que nous avons fait analyser relativisent cette image d’Epinal. Les tests en laboratoire ont révélé la présence de dioxines à des taux dépassant les valeurs légales.
L’Ordonnance fédérale sur la pollution des sols fixe une valeur limite de 20 nanogrammes par kilo. Si celle-ci est supérieure, les autorités doivent évaluer les risques pour la santé et décider si des mesures s’imposent.
Bon à Savoir a prélevé et fait analyser des échantillons de sols, situés à proximité d’usines d’incinération d’ordures ménagères, principales émettrices de dioxines. Toutes sont situées dans des zones fréquentées par le public ou exploitées par l’agriculture. Nous avons mesuré la teneur en dibenzodioxines et en furanes polychlorés d’échantillons, dans un rayon de 500 mètres le long de sentiers, prairies publiques, aires de jeux ou champs agricoles. Un laboratoire a, ensuite, analysé la couche supérieure de terre sur une épaisseur de 5 à 10 cm.
Les valeurs de la forêt de Sauvabelin sont, de loin, les plus élevées. Seule la forêt de Bremgarten (Berne) s’en approche et dépasse, elle aussi, les limites légales.
Danger pour la qualité du sperme
Les dioxines sont considérées comme très toxiques. Des tests sur les animaux ont démontré que, à des doses élevées, elles endommagent le système nerveux et immunitaire. Certaines sont cancérigènes. Des quantités infimes dans le sang suffisent à affecter la qualité du sperme chez les hommes. Les dioxines pénètrent essentiellement dans le corps humain par l’ingestion d’aliments d’origine animale.
Le Canton de Vaud estime que la pollution mesurée à Sauvabelin est principalement due aux émissions de l’ancienne usine d’incinération de déchets du Vallon. Selon les autorités, des clarifications sont en cours. En 2021, des experts ont mesuré des taux de 640 nanogrammes de dioxine par kilo de sol autour de l’ancien site. Nos prélèvements, cependant, se trouvent à proximité de la nouvelle usine.
Jonas Arnold / jd