Blond, brun, roux… La couleur des cheveux dépend de la présence ou de l’absence de pigments. Connus sous le nom de «mélanines», ces derniers sont produits par des cellules appelées «mélanocytes». Ils se situent dans le bulbe pileux, à la base du cheveu, et se déclinent sous deux formes: les «eu-mélanines» et les «phéo-mélanines». Les premiers donnent des teintes brunes, tandis que les seconds virent sur le blond-roux. «C’est la taille et la quantité de ces pigments qui vont décider de la couleur du cheveu», explique Olivier Gaide, médecin associé au Service de dermatologie du CHUV. Le résultat dépend des gènes, mais aussi de facteurs extérieurs, comme l’exposition au soleil.
L’origine des cheveux gris
Il n’existe pas de pigments de la couleur gris ou blanc. L’apparition de cheveux gris ou blancs liée à l’âge, appelée «canitie», résulte au contraire d’un déficit de pigmentation de la mélanine. En effet, comme la majorité des cellules de l’organisme, les mélanocytes ont une durée de vie limitée. Au fil des ans, leur stock se réduit et les cellules qui restent produisent de moins en moins de mélanine.
Les mécanismes qui régissent la disparition des mélanocytes restent peu connus. «Comme ces cellules peuvent faire des cancers du mélanocyte, autrement dit des mélanomes, agressifs et difficiles à traiter, nous ne sommes pas très motivés à donner des médicaments favorisant leur survie ou leur prolifération», précise Olivier Gaide.
Certaines maladies auto-immunes peuvent également entraîner une perte de couleur totale ou partielle des cheveux. On parle alors de «leucotrichie». Parmi les pathologies concernées, on retrouve l’albinisme (défaut de production de la mélanine), la maladie de Menkès (défaut d’absorption du cuivre) ou encore le syndrome de Waardenburg, une maladie congénitale qui affecte l’ouïe ainsi que la pigmentation de la peau et des cheveux.
Enfin, citons le lien entre le stress et l’apparition prématurée de cheveux gris ou blancs. A ce jour, une seule étude – menée par une équipe de chercheurs des Universités de São Paulo et Harvard et publiée en janvier 2020 dans la revue Nature – atteste de ce phénomène.
Les solutions
Les solutions varient selon la proportion de cheveux gris ou blancs. Lorsqu’ils sont peu nombreux, certains pensent qu’il suffit de les épiler. Contrairement aux croyances populaires, cela n’entraîne pas la repousse de deux ou de sept cheveux blancs. Mais cela n’empêche pas non plus les cheveux épilés de repousser inexorablement de la même couleur. La seule solution reste donc de les teindre.
Une coloration partielle ou temporaire devrait suffire, lorsque les cheveux gris ou blancs sont peu visibles ou peu présents. Des mèches ou un balayage permettront, par exemple, de créer des reflets plus clairs et ainsi de dissimuler les indésirables de façon «naturelle». Il est également possible d’appliquer soi-même un gloss ou un mascara. Faciles d’utilisation, ces derniers s’éliminent de manière à ce qu’il n’y ait pas d’effet racines. Olivier Gaide souligne néanmoins que «ce genre de produit gaine le cheveu de pigment et doit être appliqué quasi chaque jour». Processus réaliste pour les petites surfaces, telles que les racines, les sourcils ou les favoris, bien moins pour l’ensemble de la chevelure.
Dernière solution lorsque la proportion de cheveux gris ou blancs est plus grande: une coloration permanente. Le hic dans ce cas, c’est que seule la repousse des cheveux permet de retrouver sa couleur naturelle. Commence alors le cercle vicieux des teintures, qui peut être contraignant d’un point de vue financier, mais aussi logistique. Gare également aux allergies, prévient Olivier Gaide: «Contrairement aux mascaras et aux gloss, les colorants permanents peuvent provoquer des irritations ou des allergies.» Idem du côté des shampoings protecteurs de couleur, qui contiennent souvent des substances potentiellement allergènes (lire «Promesses éclatantes, résultats ternes», pages 20-21). Les colorations végétales représentent alors une alternative intéressante: «Elles abîment moins le cheveu et peuvent même améliorer son état», confirme Vicky Terry du Centre de soins capillaires à Lausanne. Finalement, la dernière solution appartient à cette catégorie des choses plus faciles à dire qu’à faire: assumer son nouveau look!
Sou’al Hemma