Ces dernières semaines, les titres des journaux ont pris une tournure dramatique: «Le marché automobile en Suisse sinistré par la pénurie mondiale de puces», «L’industrie automobile à l’arrêt», «Un manque à gagner faramineux à cause de la pénurie de semi-conducteurs»...
«Nous nous battons face aux pénuries, aux chaînes d’approvisionnement interrompues et aux usines fermées», déclare le directeur de l’association d’importateurs Auto suisse, Andreas
Burgener. Car la crise du Covid-19 a perturbé les secteurs industriels du bois, du métal et du plastique.
Il est toutefois faux d’affirmer qu’il y a actuellement pénurie de voitures neuves à cause de ce phénomène. Environ 1500 nouvelles voitures sont immédiatement disponibles dans les garages BMW en Suisse. Mercedes a plus de 2000 véhicules en stock, Renault environ 700. Il est vrai que la livraison des voitures assemblées selon les souhaits individuels peut prendre plusieurs mois. Mais c’était déjà, en partie, le cas avant la crise du covid.
Même modèle, coût plus élevé
Ce que l’on remarque, en revanche, c’est que les prix de certains modèles ont augmenté. Le constat est sans appel, en comparant les coûts entre 2021 et 2020.
Pour exemple, les prix de trois grands concessionnaires automobiles:
Nissan: Les prix du modèle Juke ont augmenté de plusieurs centaines de francs pour la même version. La version N-Connecta est 1600 fr. plus chère.
Audi: Le modèle d’entrée de gamme du Q5 40 TDI Quattro coûtait 56 900 fr. à la fin de l’année dernière, il coûte maintenant 1700 fr. de plus. Le prix de la A3 Limousine 35 TFSI S-Tronic a augmenté de 1100 fr. depuis le printemps 2020.
Mercedes: Le prix du modèle d’entrée de gamme de la Classe A 160 a augmenté de 500 fr. pour atteindre 35 600 fr., celui de la Classe B 200d de 700 fr. et celui du modèle AMG A 45
4Matic+ de 1400 fr.
Le constructeur japonais Mitsubishi montre qu’il est possible de faire autrement: pour le modèle Outlander, les prix sont restés les mêmes par rapport à 2020. Selon le directeur général de Mitsubishi Suisse, Bruno
Campino, cela s’applique à tous les modèles et les versions où rien n’a changé.
Offre délibérément restreinte
Les augmentations de prix n’ont pas nécessairement de lien avec des coûts plus élevés. Elles permettent surtout de faire gonfler les bénéfices, qui se sont avérés gigantesques pour l’industrie automobile au cours des six premiers mois de cette année. Volkswagen a gagné environ 11 milliards d’euros et Mercedes 5,2 milliards d’euros. Dans le monde entier, l’industrie automobile était donc plus rentable que jamais, ce que confirme une récente enquête du cabinet de conseil mondial Ernst & Young.
Les consommateurs devront probablement s’habituer à de telles augmentations de prix. Le directeur financier de Daimler, Harald Wilhelm, a même affirmé dans le Financial Times du 12 septembre que l’entreprise entendait réaliser encore plus de bénéfices: «Nous allons délibérément sous-exploiter la demande.» Le directeur financier de BMW, Nicolas Peter, exprime la même chose en d’autres termes: «Il faut maintenir la manière dont nous gérons l’offre pour conserver notre pouvoir de fixation des prix au niveau actuel.» Ainsi, BMW resserre délibérément l’offre afin d’imposer des prix plus élevés.
Les chiffres montrent que cette démarche est payante pour les fabricants: BMW a augmenté son retour sur investissement à près de 16% au dernier trimestre – en 2018, il était encore de 8,6%. Daimler a également augmenté son rendement de 8,4% à 12,2% au cours de la même période et réalise de plus en plus de bénéfices.
Darko Cetojevic / ld
Le prix d’une voiture se négocie
Les consommateurs n’ont pas à payer les prix catalogue sans résistance. Car il est toujours possible de négocier un rabais. Exemples:
- Remises pour les flottes: Les véhicules neufs peuvent rapidement plonger jusqu’à un tiers moins cher que ceux figurant dans le catalogue. C’est ce que montrent nos évaluations des conditions spéciales pour les associations et les entreprises. En règle générale, plus la voiture est chère, plus le rabais est élevé.
- Exemples de remises généreuses sur la flotte: les enseignants, les jardiniers ou les pompiers membres du syndicat des Services publics (SSP-VPOD) bénéficient de remises allant jusqu’à 22% chez Mercedes. Les policiers reçoivent un maximum de 26% chez Volvo, et les employés de la Confédération, des entreprises liées à la Confédération et des Ecoles polytechniques obtiennent jusqu’à 32% chez Citroën.
- Modèles d’exposition: Les garages de marque détiennent un certain nombre de voitures neuves dans leurs salles d’exposition. Les consommateurs suisses achètent volontiers ces modèles d’exposition, comme nous l’ont confirmé des connaisseurs du secteur.
- Exemple: Le prix catalogue avec équipements supplémentaires d’une Volvo V60 T6 eAWD Inscription est d’environ 80 000 fr. Au Garage Franz à Winterthour (ZH), la même voiture était disponible, ces dernières semaines, pour 25 000 fr. de moins.
- Importations directes: Certains concessionnaires importent des voitures neuves en Suisse en passant par des importateurs officiels. Leurs offres sont souvent moins chères. Un aperçu est disponible sur vfas.ch.
- Paiement en espèces: Qui paie sa voiture en liquide peut négocier des réductions de prix de plusieurs milliers de francs. Autre avantage par rapport au leasing ou au crédit: on décide librement de la manière d’assurer la voiture et du moment auquel la revendre.
- Rester flexible: Les acheteurs souhaitant absolument un certain modèle ont peu de chances d’obtenir un rabais substantiel. Il est préférable de demander des offres pour plusieurs marques et modèles. Dès qu’une offre particulièrement favorable est disponible, contactez les autres concessionnaires pour négocier avec eux.