Ecole en journée, goûter du lundi chez grand-maman, mercredi avec maman, jeudi avec papa et ainsi de suite jusqu’au week-end en famille: il faut tout un village, dit le dicton, pour élever un enfant. Et la santé, c’est l’affaire de qui? La responsabilité incombe aux parents, mais, du stéthoscope aux pansements, en passant par les câlins et la prévention scolaire, il y a assez de travail pour tout le monde!
Le pédiatre
La visite chez le pédiatre ne se limite pas à une succession de vaccins. Elle permet de repérer les problèmes et de créer un lien de confiance de la sortie de la maternité à l’adolescence.
➛ Croissance et statut pondéral
C’est la fameuse courbe dans laquelle le pédiatre inscrit la taille et le poids de l’enfant. «Chaque enfant est différent et a sa propre courbe de croissance», rassure Maya von Planta, pédiatre à Genève. L’important est que son poids soit correct par rapport à la taille et que son développement soit cohérent. Si la croissance ralentit ou s’interrompt, si le poids augmente ou diminue subitement, le médecin cherche la cause du problème. S’il est grave, il en référera à un spécialiste.
➛ Développement psychomoteur
L’observation des compétences se fait aussi sur la durée, en suivant la dynamique des apprentissages. L’enfant peut-il s’asseoir, marcher, parler? Est-il capable plus tard de lire et écrire son nom? Un enfant qui se lève et se déplace à 9 mois devrait, par exemple, être capable de marcher à 15 mois. Sur le plan verbal, l’apprentissage de plusieurs langues peut parfois ralentir la progression, mais s’il ne dit pas un mot à deux ans, il faut chercher pourquoi.
Ces petits tests permettent au pédiatre de détecter les éventuels retards dans le développement, d’investiguer et de proposer des thérapies. Selon le résultat, on peut aussi repérer les troubles de dyslexie, de dyscalculie, voire d’autisme.
➛ Alimentation
Les habitudes alimentaires prises avant deux ans sont déterminantes pour l’avenir. Lors de la visite, le pédiatre insiste sur l’importance de manger assez de fruits et de légumes. Si la courbe de poids augmente trop vite, il encouragera les parents à veiller à une alimentation équilibrée et, si nécessaire, à voir une nutritionniste. «De nombreux enfants ont un peu grossi pendant le confinement», constate Maya von Planta. La pédiatre insiste sur l’importance du mouvement pour la santé des enfants: les écrans ne doivent pas remplacer la place de jeux et les sorties en forêt.
➛ Adolescence
Au moment de devenir adulte, l’enfant présente une croissance accélérée. La colonne vertébrale risque de se déformer, ce qui nécessitera la prescription d’une physiothérapie. A partir de 15 ans, voire même 13 ans, l’enfant est capable de discernement. Il doit pouvoir s’entretenir seul avec le pédiatre qui abordera, dans l’intimité du cabinet, le thème de la sexualité et des éventuelles addictions. L’adolescence est une phase délicate pour les anorexies, les angoisses, voire même les psychoses: autant de troubles qui nécessiteront le suivi de spécialistes.
Maya von Planta insiste sur l’importance d’une relation sur la durée. «Les parents manquent parfois de recul. Nous prenons des «photos» à intervalles réguliers et avons la distance nécessaire pour voir si elles entrent dans le cadre de la dynamique que nous traçons depuis la petite enfance.» D’où l’importance, en cas de déménagement, de faire suivre le dossier.
L’école à la rescousse
Chaque canton a ses propres règles pour assurer le suivi sanitaire des écoliers. Dans les cantons du Jura, de Genève, Neuchâtel et Vaud, le personnel soignant est présent dans les écoles pour assurer la permanence en cas d’urgence et veiller à la prévention. A Fribourg et en Valais, c’est le corps enseignant qui est au front pour gérer les urgences et avertir les parents le cas échéant. Dans tous les cantons, ces derniers doivent cependant être joignables. Si l’enfant est malade et ne peut aller à l’école, il faut prévenir les enseignants avant le début des cours.
Les grands-parents
Comment témoigner son affection à ses petits-enfants? Les bonbons sortis du sac de grand-maman à chaque bobo enfreignent les règles établies par les parents, sans parler des hamburgers, frites et autres chocolats chauds savourés pendant les après-midis passés ensemble. Peut-on faire plaisir sans nuire à la santé?
«Les grands-parents ne sont pas là pour faire de l’éducation mais pour chouchouter l’enfant», relève Maya von Planta. Ce n’est pas grave de déroger parfois aux règles. Attention toutefois: un bonbon par jour, c’est gentil, mais dix, c’est beaucoup trop.
S’ils gardent régulièrement l’enfant, les grands-parents participent en revanche à son éducation et doivent soutenir les parents. Ces derniers sont aux commandes pour toutes les règles en matière de nourriture, de rythme de siestes et pour l’heure du coucher. Les aînés doivent s’y tenir, même s’ils ne sont pas toujours d’accord: on ne discute pas des règles établies devant les petits.
Lorsque l’enfant est malade en l’absence des parents, en cas de fièvre par exemple, il faut immédiatement les prévenir pour décider de la conduite à tenir. Selon les circonstances, les grands-parents accompagneront alors l’enfant chez le pédiatre ou le ramèneront chez lui. Attention à éviter la contagion en cas de grippe ou de gastro-entérite. En période de coronavirus, un enfant présentant des symptômes ne devrait pas non plus être gardé par ses grands-parents.
Quand tout danger est écarté, ces derniers peuvent en revanche très bien s’occuper du petit malade en passant beaucoup de temps avec lui: c’est l’heure propice aux confidences et aux câlins.
Petits et grands bobos
Quand faut-il aller chez le pédiatre? En cas de forte fièvre, donner un comprimé de paracétamol adapté au poids. Si la température descend et que l’enfant retrouve de l’énergie, il n’y a pas lieu de s’inquiéter.
Il faut en revanche consulter sans tarder si la fièvre persiste et si le petit ne réagit pas normalement, ou si la température remonte systématiquement au-delà de 48 heures. Idem en cas de chute sur la tête suivie de vomissements ou de somnolence.
En période de coronavirus, pour les enfants de moins de 12 ans qui présentent des symptômes (fièvre ou toux, mal à la gorge), on consultera le pédiatre seulement si un proche a été testé positif ou l’enfant présente un mauvais état général. Si personne dans l’entourage ne souffre du Covid-19, attendre le 3e jour. On n’appellera alors le pédiatre que si les symptômes persistent au-delà de ce délai.
A partir de 12 ans, l’adolescent doit contacter le pédiatre au moindre symptôme pour passer un test.
Claire Houriet Rime