Le décompte laisse songeur. Le prix d’une même analyse peut doubler selon la façon dont le patient est assuré, ce qui laisse peu de doutes sur l’existence d’une médecine à deux vitesses.
Entré à la Clinique Cecil à Lausanne, le 10 janvier avant midi, Jean-Daniel Clavel en est ressorti le lendemain. La facture n’a pas tardé: 5204 fr. pour des examens cardiologiques. Et, pour l’assurance complémentaire d’hospitalisation, plus de 9000 fr., soit 2220 fr. pour le séjour en chambre privée et 7552 fr. d’honoraires pour le cardiologue. Total: 15 019 fr. Ce montant fait bondir le septuagénaire de Caux (VD).
Quand on passe la nuit à l’hôpital, les soins sont facturés selon des forfaits négociés pour chaque établissement (lire «Allo docteur, j’ai mal à mes primes»). Ces «groupes de diagnostic homogènes», les DRG, sont déterminés selon ce qui amène le patient, puis pondérés selon la gravité du cas, l’âge et les éventuelles complications. Ils sont négociés entre les établissements et les assureurs.
Pour les patients assurés en chambre commune, l’histoire s’arrête là: seul le DRG et le prix de la chambre figurent sur la note. Ce forfait couvre, entre autres, la prestation du corps médical (ici, les examens cardiologiques facturés 5204 fr.).
Des honoraires plutôt qu’un tarif à l’acte
Dans les cliniques privées, «la part d’honoraires médicaux de base inclus dans le DRG est remboursée à l’assurance par la clinique dans le forfait par cas», explique Claude Kaufmann, porte-parole du groupe Hirslanden.
Les médecins librement choisis par les patients facturent, en sus, des honoraires qui ne sont liés à aucune grille. La note facturée à l’assurance complémentaire s’élève, ici, à 7552 fr.
«Ce sont les prestations du médecin avec lequel le patient a un rapport direct et qui ne sont pas inclues dans le catalogue des prestations de l’assurance de base», explique Claude Kaufmann.
«Il ne s’agit pas d’un tarif à l’acte, mais d’honoraires, dans le même esprit qu’un avocat. Ce montant reflète les compétences, l’expérience et la qualité de la formation du médecin. A compétence inégale, le résultat ne sera pas égal», fait valoir un chirurgien lausannois qui opère régulièrement à la Clinique Cecil et qui qualifie la part médicale du DRG de peanuts. Sans nier l’existence d’une médecine à deux vitesses, il rapelle les charges de son cabinet.
Des questions restent
Reste à expliquer pourquoi le montant correspondant aux prestations médicales, aussi modeste soit-il, n’est pas déduit des honoraires.
La compagnie CPT qui assure Jean-Daniel Clavel botte en touche: «Il nous est difficile d’évaluer les prestations facturées par le médecin», répond sa porte-parole Yuko Graber.
Claire Houriet Rime