Les publicités intempestives s'affichant lors de la navigation internet sont agaçantes. Elles le sont encore plus lorsque, sur l'écran réduit d'un smartphone, il faut faire preuve de dextérité pour viser la petite croix afin de les fermer. La nouvelle est donc réjouissante: l'éditeur Eyeo a lancé, le 8 septembre dernier, l'application NavigateurAdBlock, qui bloque toute publicité intrusive sur les iPhone, iPad ainsi que sur les téléphones portables ou tablettes fonctionnant sous Android.
Selon le fournisseur, l'avantage est multiple puisque le logiciel permet également d'économiser 23% de la batterie et de réduire de 50% les données téléchargées. Un précieux atout pour ceux qui bénéficient d'un forfait internet mobile limité. Ces chiffres paraissent, toutefois, bien élevés et les premiers utilisateurs, s'ils se déclarent pour la plupart satisfaits, estiment que le navigateur est plus lent que ceux qui acceptent les publicités.
Quoiqu'il en soit, ces outils de blocage ont du succès. Ils existent depuis longtemps sur les navigateurs d'ordinateurs et le nombre d'utilisateurs ne cesse d'augmenter, atteignant 144 millions dans le monde et jusqu'à 24% de la population dans certains pays comme la Suède ou le Danemark, selon une étude d'Adobe (chiffres de 2014).
Financement via une liste blanche
Or, des critiques commencent à se faire entendre. Car pour financer leurs outils mis à disposition gratuitement, les éditeurs comme Eeyo, leader du marché, demandent des frais aux annonceurs souhaitant rejoindre une liste de «publicités acceptables» et donc non bloquées. Ces stratégies irritent les puristes à l'origine des logiciels anti-pub, notamment du fait que certaines annonces acceptées - parce que non intrusives - récoltent tout de même des données privées de navigation.
D'autres s'inquiètent des conséquences d'une utilisation massive des bloqueurs. Cela pourrait faire perdre 22 milliards de dollars à l'industrie publicitaire en 2015, selon une estimation de l'entreprise PageFair. Par conséquent, certains sites proposant gratuitement du contenu en se finançant par ce biais, pourraient disparaître ou tenter d'intégrer des publicités cachées à l'intérieur d'articles, par exemple via un publireportage non annoncé.
Rappelons qu'il est possible de rendre inactif les extensions de navigateurs de type AdBlock lorsque l'on se trouve sur un site en particulier. L'utilisateur peut ainsi choisir d'accepter les publicités lorsqu'il se rend sur certaines plateformes et qu'il estime que la publicité est justifiée et acceptable.
Loïc Delacour