En deux ans d’existence, le site Jestime.ch a reçu plus de 4000 demandes. En quelques clics, il permettait à n’importe qui, en Suisse romande, de connaître son droit à des prestations sociales: subventions d’assurance maladie, aide sociale ou prestations complémentaires. Mais la plateforme vient de cesser son activité, comme l’annonçait récemment la RTS. En cause? L’absence de soutien des cantons.
Lauréat d’un concours de la fondation Gebert Ruf, ce projet émane de deux hautes écoles romandes (HETSL et HEG ARC). Pour être efficace et pérenne, le site avait besoin d’une participation active des cantons romands, en termes de partage d’informations et de financement (40 000 fr. par an). Il n’a obtenu ni l’un, ni l’autre.
Cantons peu coopératifs
On estime pourtant qu’en Suisse, une personne sur quatre ayant droit à une aide sociale ne la réclame pas. «Notre but n’était pas de nous substituer à l’Etat, mais de permettre aux gens de réaliser une estimation anonyme depuis chez eux, sans avoir à prendre un, voire plusieurs rendez-vous auprès des services compétents de leur canton», précise Jean-Pierre Tabin, un des initiateurs du projet et professeur honoraire à la HETSL. La démarche devait rester simple et s’appuyer sur un document: sa déclaration d’impôt.
Du côté des cantons, l’accueil a été pour le moins mitigé, dès le début, selon Jean-Pierre Tabin qui décrit une attitude très peu coopérative, marquée notamment par la crainte d’être débordés de demandes.
L’objectif: fiable à 50 fr. près
Interpellée, la Conférence latine des affaires sanitaires et sociales (CLASS) voit trop de défauts au site Jestime.ch. Notamment des résultats erronés. Sauf que, rappelle Jean-Pierre Tabin, les cantons ne les ont pas documentés et n’ont pas fourni les informations qui auraient permis de rendre le calculateur plus pertinent. «Nous n’avons jamais prétendu à l’exactitude, mais nous avions tout de même l’objectif d’être fiable à plus ou moins 50 fr. près. Pour cela, nous avions notamment besoin de ‘cas test’, anonymisés, de mises à jour en temps réel des différents règlements et dispositifs, qui ne sont pas toujours accessibles en ligne.»
Autre argument avancé par les cantons: la fracture numérique. Certaines populations, particulièrement parmi les plus précaires, n’auraient pas les compétences numériques nécessaires. Depuis, pourtant, Genève a créé son propre calculateur en ligne.
Geneviève Comby