Elles se ressemblent toutes, ces grosses machines auxquelles on confie le soin d’identifier nos maux ou d’apprivoiser le bébé à naître. Pour rester ensuite suspendus au verdict de l’image. Soupir de soulagement quand tout va bien, ou cœur serré à la vue d’une tache inquiétante. A moins qu’une ligne de fracture ne sonne la fin des vacances de ski.
Pesée des risques
Pourquoi le médecin prescrit-il une radiographie plutôt qu’une IRM? Les indications de chaque méthode d’imagerie médicale découlent de son fonctionnement: il faut choisir la bonne pour percer les secrets du corps humain sans opération.
«La décision de soumettre un patient à un examen radiologique est prise par le médecin traitant après une première analyse», relève Reto Meuli, chef du département de radiologie médicale au CHUV. Elle est parfois délicate, car il doit évaluer le risque lié à l’examen et celui de poser un mauvais diagnostic. Ainsi, au service des urgences, le scanner s’impose pour les grands accidentés, même si, dans les faits, seul un patient sur mille sera soigné pour une hémorragie. Si on le renvoyait chez lui, il décéderait dans les heures qui suivent. «Les patients veulent éliminer la part de risque et la pression va croissant», constate le praticien.
On évite en revanche les examens à répétition, sauf indication vitale, pour suivre l’évolution d’une tumeur par exemple. Le corps médical est particulièrement soucieux des enfants, chez qui le scanner augmente les risques de cancer. Pour détecter une appendicite, on aura ainsi recours à une échographie.
Enjeu financier
En Suisse, l’imagerie médicale représente près de 5% des coûts de la santé. Soit, en 2017, plus de 4’milliards de francs sur un total de 82,7 milliards de francs, ou près de 500 francs par habitant. L’enjeu financier pour les acteurs de ce secteur est considérable, car le coût d’un scanner ou d’une IRM se chiffre par centaines de francs et dépasse souvent le millier. «Il faut absolument que celui qui prescrit l’examen ne soit pas le même qui le facture», relève Reto Meuli. Sans cette séparation, les coûts décupleraient.
Autre piste: tirer davantage parti du potentiel des ultrasons. «L’échographie est peu coûteuse. Elle offre de très bons résultats, et ce, sans risque», souligne Michel Rossier, médecin radiologue au cabinet d’imagerie de la Côte à Neuchâtel. «Son intérêt est largement sous-estimé dans la détection des troubles musculo-squelettiques. C’est une technique peu invasive, qui permet de dialoguer avec le patient et d’adapter l’examen en cours de route si nécessaire. Son succès repose, certes, sur les compétences du praticien, mais il en va de même pour l’interprétation d’une IRM».
Claire Houriet Rime