Les 18 ans ou les 25 ans, ça se fête. Mais le gâteau d’anniversaire a parfois un arrière-goût amer. Dès le début de l’année suivante, sur les factures de l’assurance maladie, la prime passe à la catégorie supérieure, d’enfant à jeune ou de jeune à adulte. En Suisse romande, l’ardoise s’est renchérie entre 2,5 et 3 fois en janvier pour les personnes qui ont fêté leurs 18 ans courant 2022.
Au moins 200 fr. de plus par mois
Le cap de la majorité implique pour les parents dont les enfants sont encore à charge une sérieuse dépense supplémentaire, d’autant plus si le budget est déjà très serré. A Genève, la prime moyenne passe de 125.30 fr. (enfant) à 380.20 fr. (jeune), ce qui fait environ 255 fr. à payer en plus à la fin de chaque mois. Dans les cantons de Neuchâtel ou de Vaud, c’est entre 200 fr. et 210 fr. qu’il faudra débourser pour le jeune. D’après le Centre social protestant (CSP.ch), le passage à la majorité d’un enfant constitue un important facteur de fragilisation pour les familles, surtout celles appartenant à la classe moyenne inférieure.
Appel à élargir le droit aux aides
L’écart entre la dernière prime enfant payée et la première prime jeune s’est creusé partout en Suisse romande. Entre 2022 et 2023, la facture a grimpé de 20 fr. en moyenne pour les familles neuchâteloises, jurassiennes et genevoises concernées, et entre 15 fr. et 20 fr. en Valais, à Fribourg et à Berne. La faute avant tout à la hausse généralisée des primes. La facture des adultes et des jeunes a augmenté davantage que celle des enfants, selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).
Les subventions d’assurance maladie pallient en partie le passage coûteux à la majorité. Mais seulement pour les ménages qui y ont droit. Bon nombre de familles ont des revenus juste trop élevés pour obtenir une aide. Dans un contexte d’inflation galopante et de perte de pouvoir d’achat, plusieurs cantons romands ont élargi le cercle des bénéficiaires des subsides ou adapté ces derniers à la hausse des primes. D’autres ont agi sur l’aide sociale, les allocations familiales ou les bourses d’études.
Il est encore tôt pour mesurer l’impact de ces mesures, alors que le coût de la vie ne cesse de grimper. En général, l’augmentation des subsides n’est pas proportionnelle au passage d’une prime enfant ou jeune à la catégorie au-dessus. Les services privés d’aide sociale du CSP appellent expressément les cantons ne l’ayant pas fait à adapter les subsides enfant, jeune et adulte à la hausse des primes et à élever les seuils d’accès pour aider davantage de familles.
Jeunes exclus des calculs familiaux
Les parents perçoivent des allocations de formation de 250 fr. au minimum pour chaque enfant à charge jusqu’à l’âge de 25 ans. Pour y avoir droit, il faut régulièrement apporter la preuve (contrat d’apprentissage, attestation d’immatriculation, cours nécessaire à la formation professionnelle, etc.) que le jeune poursuit ses études. Si ce dernier n’est pas en formation le jour de ses 18 ans, par exemple après un décrochage scolaire, il ne peut prétendre à cette aide. Cela concerne environ 6% des jeunes entre 18 et 24 ans.
Un jeune majeur mais qui ne suit pas de formation est, par ailleurs, exclu du calcul d’éventuelles prestations en faveur du groupe familial, telles que les prestations complémentaires familiales et l’aide sociale. S’il désire obtenir un soutien, il doit lui-même faire une demande d’assistance, même s’il vit encore chez ses parents.
À 25 ans, l’aide s’éteint
Moins d’aides pour les familles, mais des primes plus chères... Le coup de massue peut être tout aussi violent quand le jeune atteint ses 25 ans. Car à ce moment-là, le droit aux allocations et autres aides pour les personnes en formation s’éteint, souligne le CSP. Même si les études ne sont pas terminées. Le budget des familles en ressort alourdi et cela alors qu’à 25 ans, les primes se renchérissent en moyenne d’une fois et demie en Suisse romande.
Gilles D’Andrès
En septembre, se tenir prêt et changer d’assurance au besoin
Rien ne freine la hausse continue des primes. Dans certains cas, elles représentent 15%, voire 20%, du revenu du ménage. Et pourtant, rien ne change. Au Parlement, le Conseil des Etats a récemment refusé d’entrer en matière sur une proposition du Conseil fédéral visant à augmenter les subsides aux familles. Trop cher. Certains cantons rechignent plus que d’autres à aider: plus d’un tiers dépensent moins d’argent en subsides qu’il y a dix ans.
Face à l’inertie politique, les familles ne pourront qu’attendre septembre et les annonces des nouvelles primes. Elles chercheront alors, sur priminfo.ch, ce que coûtera le passage de la prime de leur enfant à la catégorie supérieure et compareront avec d’autres offres. Le cas échéant, ces foyers devront changer de caisse, de franchise ou de modèle avant la fin novembre. Attention aussi, pour les familles de Fribourg et de Vaud, à bien envoyer les demandes de subsides (les autres cantons avisent les ayants-droit).