Introduit en 1922 dans le canton d'Appenzell, par le génial médecin-chef de l'hôpital d'Herisau, Hans Eggenberger, le sel iodé a permis de combattre les cas graves de goitre et de crétinisme, autrefois endémiques dans notre pays. Avec succès: de nos jours, moins de 5% d'enfants en âge scolaire présentent un goitre et aucun cas de crétinisme n'a été constaté chez les nouveaux-nés depuis 1930. Mais alors, pourquoi, diable, Alain Berset, ministre de la santé, a-t-il demandé aux producteurs d'augmenter la teneur en iode de 20 à 25 mg par 100 g de sel depuis le 1er janvier?
Mieux vaut prévenir que guérir
En fait, la Confédération surveille la consommation d'iode de certains groupes cibles lors d'enquêtes nationales réalisées tous les cinq ans. Or, lors des deux dernières enquêtes nationales, en 2004 et 2009, les mesures faites par analyse d'urine ont montré que les apports étaient certes suffisants chez les écoliers et surtout chez les femmes enceintes mais qu'ils avaient baissé en 5 ans. De plus, en 2009 l'apport en iode était à la limite inférieure de la norme fixée par l’OMS chez les femmes en âge de procréer, les femmes allaitantes, les nourrissons et les petits enfants. «Les résultats suggéraient donc d'augmenter légèrement la teneur en iode du sel suisse afin d'assurer la couverture des besoins de toutes les catégories de la population», explique l'Office fédéral de la santé publique (OFSP).
Reste à savoir pourquoi l'apport en iode a diminué ces dernières années. Selon l'Office fédéral de la santé alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV), l'industrie agro-alimentaire a moins recouru au sel iodé, notamment parce que la législation en la matière varie d'un pays à l'autre. La France, par exemple, interdit d'utiliser ce type de sel dans la confection de produits prêts à l'emploi. Certains industriels ont donc renoncé à utiliser du sel iodé pour ne pas être prétérités. C'est le cas notamment de nombreux producteurs suisses de fromage.
D'autre part, la consommation de sel a légèrement baissé ces dernières années, précise l'OFSP: «C’est en soi un progrès réjouissant du point de vue sanitaire, mais a entraîné une diminution de la consommation d'iode». La Confédération a donc suivi la recommandation de la Commission fédérale de l'alimentation (COFA) de passer de 20 à 25 microgrammes par 100 g de sel.
Apport essentiel
L'iode est un oligo-élément vital pour l'organisme. Il est notamment nécessaire à la fabrication d'hormones thyroïdiennes. Une carence peut causer de graves déficits au niveau physique et mental (crétinisme) dès le stade embryonnaire et durant l'enfance. Les adultes peuvent également en souffrir, et cela se traduit notamment par un grossissement de la glande tyroïde (goitre). «En Suisse, les sols et les denrées qui en sont issues sont pauvres en iode et cette substance n'est pas fournie en suffisance de manière naturelle. Des apports supplémentaires en iode doivent donc être mis à disposition», précise encore l'OSAV.
Sébastien Sautebin