La presse s’est fait l’écho, ces derniers mois, des débats menés par certaines collectivités pour interdire les pailles en plastique dans un but environnemental. Alors que je manifestais mon intérêt pour le sujet, quelques collègues ont jugé utile de me remettre dans le droit chemin. D’après eux, cette «mesurette facile pour se donner bonne conscience» ne sert à rien, puisque que les pailles ne représentent qu’une part minime des déchets plastiques. Et, pour mieux prouver l’inutilité d’un tel débat, mon voisin m’a demandé, sourire au coin de la bouche, à combien de reprises on m’avait servi une boisson avec une paille, ces derniers mois.
J’aurais pu me réfugier dans le sarcasme et rétorquer que sa vie devait être bien morne, puisque, à défaut d’être incontournables dans notre vie quotidienne, les pailles sont des partenaires fidèles des moments de détente, accompagnant aussi bien les cocktails les plus enivrants que les banals rafraîchissements des terrasses ensoleillées. Mais, par honnêteté intellectuelle, je dois concéder que d’un point de vue strictement quantitatif, ce petit tube n’est effectivement pas l’ennemi plastique numéro un.
Me suis-je à ce point fourvoyé? Peut-être pas, car les pailles représentent avant tout un symbole, celui de ces objets en plastique qu’on jette après un usage éphémère. La Commission européenne vient d’ailleurs de proposer que les pailles, les cotons-tiges, les couverts et autres assiettes en plastique à usage unique soient tout bonnement interdits. L’institution justifie sa proposition radicale par le fait que «des solutions de remplacement sont facilement disponibles et peu coûteuses».
On ne résoudra effectivement pas le problème du plastique en renonçant simplement aux pailles à usage unique et en les remplaçant par des versions biodégradables ou en inox, mais c’est un premier pas concret dans la bonne direction. Et, quand on sait que 36 milliards de pailles sont utilisées chaque année dans la seule Union européenne, on réalise que cette mesure simple, qui ne péjorera pas notre quotidien, n’est pas aussi insignifiante que certains le pensent.
Sébastien Sautebin