Le pays dans lequel vous aviez réservé vos vacances connaît désormais un risque d’attentat? Votre assureur voyage n’acceptera pas forcément de prendre en charge l’annulation du déplacement. En effet, d’après leurs CGA, les compagnies n’entrent généralement en matière que «lorsque le voyage est déconseillé par le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE)». Or, sa politique en la matière peut paraître surprenante: «De manière générale, nous estimons qu'il n'y a pas lieu de déconseiller les voyages dans les zones qui présentent un risque d’attentat», explique sa porte-parole Caroline Wälti. Mais pourquoi donc? «Vu l’impossibilité de prévoir les attentats, une telle mesure serait disproportionnée. Les activités terroristes constituent un danger dans le monde entier, y compris en Europe».
Si ce risque ne suffit donc pas à lui seul, mais le Département fédéral déconseille néanmoins de se rendre dans des zones spécifiques lorsqu’il estime «que cela est trop risqué en raison de la situation particulièrement dangereuse prévalant sur place». Un pays entier n’est déconseillé que dans des circonstances très particulières, comme lorsque les structures étatiques ne fonctionnent pratiquement plus.
L’assurance n’entre pas en matière
Pour les vacanciers, cela mène à des situations paradoxales. Un exemple: les conseils actuels aux voyageurs pour la Turquie du DFAE indiquent que «malgré le renforcement des mesures de sécurité, le risque d’attentat est réel dans tout le pays et à tout moment». Si l’on se fie à cette analyse, on peut donc avoir peur pour sa vie dans n’importe quelle partie de ce pays. Mais cette crainte légitime ne constitue pas un argument suffisant pour les assurances. En effet, le DFAE déconseille uniquement les voyages «dans les zones frontières limitrophes de la Syrie et de l’Irak» et une douzaine de provinces proches de ces pays. Si vous avez, par exemple, réservé un voyage dans le centre de la Turquie, votre assureur ne rentrera sans doute pas en matière, comme le confirme Yves Gerber, du TCS pour le livret ETI: «La seule mise en garde en raison d’un risque d’attentat, dans tout le pays et à tout moment, n’est pas reconnue comme motif d’annulation, d’autant plus que la situation est, en règle générale, connue au moment de la réservation».
Le club automobile a néanmoins, parfois, fait preuve d’une certaine souplesse, «à bien plaire». Il a, par exemple, pris en charge les frais d’annulation à destination des villes de Paris, Bruxelles et Nice lors des attentats terroristes, et cela pendant la durée du deuil national.
Sébastien Sautebin