Travailler un ou deux jours par semaine à domicile, c’est devenu la routine dans certaines professions. Après avoir fermé les yeux pendant la première année de pandémie, les cantons serrent la vis depuis 2021 déjà. Si on a pris pour habitude de relever ses mails en pantoufles, il faudra en tenir compte dans sa déclaration.
Sur le principe, en effet, seules les dépenses effectives sont déductibles. Si on travaille un ou deux jours par semaine à la maison, la défalcation des frais de transport sera proportionnelle au nombre de jours de télétravail.
Le fisc compte sur la bonne foi de chacun et n’exige pas de mention systématique sur le certificat de salaire. Selon les cas, les cantons de Fribourg et du Valais se réservent toutefois la possibilité de demander un justificatif de l’employeur.
Seule exception: l’abonnement des transports publics peut être déduit dans son intégralité et ce, même si on ne fait pas les trajets tous les jours. Cette dépense est plafonnée à 500 fr. dans le canton de Genève et à 3000 fr. pour l’impôt fédéral direct. Dans le canton de Berne, la déduction s’ajuste au pourcentage de jours effectués à l’extérieur.
La note d’électricité
Pas question de se consoler en défalquant la note du WiFi, les frais d’électricité et les cartouches d’encre pour l’imprimante. Le fisc estime, en général, que ces dépenses font partie du forfait prévu pour les frais professionnels. Seul le canton de Neuchâtel a prévu une ligne spéciale pour le télétravail. Il autorise la déduction de 10% du salaire net, mais au maximum 4000 fr. par année et ce, au prorata du nombre de jours en télétravail.
Ainsi, un contribuable de La Chaux-de-Fonds qui réalise un salaire annuel de 70 000 fr. et qui travaille à la maison le lundi et le mardi pourra déduire 1600 fr. pour les frais liés au télétravail (10% de 70 000 fr., mais au maximum 4000 fr. / jours x 2 jours). Et ce, en plus du forfait de 3% pour les «autres frais professionnels» prévu d’office. Il ne pourra, en revanche, noter ses frais de déplacement et de repas hors du domicile que trois jours par semaine.
De manière générale, le télétravail sur la table de la salle à manger ou à la cuisine ne justifie pas de déduction supplémentaire pour l’espace reconverti en bureau. Le fisc se réserve la possibilité de vérifier qu’une pièce entière a été transformée pour accepter de défalquer une partie du loyer. Le canton de Berne précise même qu’elle doit être utilisée à des activités professionnelles deux jours par semaine au moins.
La voiture du patron à la maison
Pas de cadeau non plus si on rentre chez soi avec le véhicule de l’entreprise. Jusqu’en 2021, le certificat de salaire indiquait un montant correspondant au 0,8% du prix d’achat de la voiture. Il fallait, ensuite, faire un calcul compliqué pour les trajets entre le domicile et le lieu de travail. Selon sa profession, il est en effet courant de faire un crochet en rentrant chez soi pour rencontrer un client ou faire une petite réparation. Cette «part externe» était mentionnée sur le certificat de salaire pour que la déduction des frais de transport entre le domicile et le bureau selon la profession exercée colle vraiment à la réalité.
Ce forfait passe désormais à 0,9% du prix d’achat du véhicule par mois et ce, quel que soit l’usage qu’on en fait. Un contribuable qui a la jouissance d’une voiture ayant coûté 40 000 fr. hors TVA verra ainsi son revenu imposable augmenter de 4320 fr. (40 000 fr. x 0,9% x 12 mois). Les indépendants et ceux qui le souhaitent continueront à faire le décompte entre la part privée et la part professionnelle de leurs trajets.
Ces contribuables ne pourront plus déduire le moindre kilomètre pour leurs trajets. Les impôts cantonaux et communaux vont donc augmenter. Cela ne change en revanche pas grand-chose à l’impôt fédéral direct qui limite de toute façon les frais de déplacements à 3000 fr. par an. Idem à Genève qui a fixé la limite à 500 fr. par an.
Claire Houriet Rime
«Comment déclarer ses impôts»
Ces nouveautés mises à part, le guide «Comment déclarer ses impôts» reste d’actualité. L’ouvrage explique le mécanisme fiscal en termes simples et accessibles. Il aborde au fil des chapitres ce qui compte comme revenu, puis les déductions à faire valoir selon qu’on a une famille, qu’on est locataire ou propriétaire. Sans oublier toutes les étapes de la vie fiscale, de l’entrée dans la vie active à la retraite en passant par le chômage, le mariage et le divorce. Un ouvrage indispensable pour savoir comment remplir sa déclaration et penser à tout (commande ici).