Le «home office» s’est imposé comme une réponse pragmatique à la distanciation sociale. Mais beaucoup de travailleurs ont dû s’improviser à la hâte un bureau de fortune à domicile. Voici quelques conseils pour gagner en confort et en efficacité.
⇨ Aménagements
S’installer dans un endroit calme où l’on peut travailler sans être dérangé est primordial. En l’absence d’une pièce fermée, on optera pour un espace dans lequel on se sent bien. Il faut savoir faire preuve de créativité: on peut, par exemple, aménager un coin dans le salon, en déplaçant meubles ou plantes. «Marquer des séparations physiques et temporelles est important pour assurer l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée», résume Céline Dubey Guillaume, ergonome à la Suva. L’éclairage est aussi à prendre en considération. Il faut éviter tous reflets et éblouissements dans son champ visuel. Idéalement, la source lumineuse devrait être latérale.
⇨ Posture
On veillera à s’asseoir bien au fond de son siège. Dans le cas où la chaise ne possède pas de dossier rembourré, on placera un coussin dans le bas du dos pour soulager les lombaires. La table à manger peut faire l’affaire. Règle d’or: le bureau doit être à la hauteur des coudes et les pieds posés au sol. Rester assis sur son canapé est une mauvaise idée. C’est une posture contraignante pour la nuque et le dos. Fondamentalement, «l’idée est de retrouver des positions similaires à celles qu’on a au bureau», note Sébastien Eich, médecin du travail.
⇨ Equipements
Les ordinateurs portables sont conçus pour la mobilité. Au-delà de deux heures par jour, les experts conseillent de s’équiper au minimum d’un clavier et d’une souris externe. On peut ainsi surélever le laptop, afin que le bord supérieur de l’écran soit un peu en dessous de la hauteur des yeux. Il est également recommandé de se procurer un écran externe, nettement plus pratique si on jongle entre les programmes. L’achat d’un siège de bureau inclinable et réglable en hauteur est en outre un investissement utile. Tout dépend cependant de la fréquence du télétravail et du niveau de confort souhaité.
⇨ Organiser les journées
Le risque est de rendre les journées interminables. Il faut établir des limites, en fixant des horaires. On planifiera des pauses sans écran. Il est conseillé de faire plusieurs petites pauses afin de soulager l’appareil locomoteur. S’exposer de temps en temps au soleil est bénéfique. Idéalement, il faudrait se lever toutes les 30 minutes et faire quelques pas. Des gestes rituels permettent par ailleurs de séparer vie professionnelle et privée. Au début de la journée, on maintient certaines habitudes, comme faire son lit ou s’habiller. A la fin, on range son matériel «pour se déconnecter du travail et se consacrer pleinement à sa vie privée», préconise Claire Bauduin, ergonome à Unisanté.
⇨ Gérer les contacts
En cas de présence du conjoint et des enfants, il faut établir des règles de vie commune. On communiquera à son entourage ses horaires, soit les moments où l’on est indisponible et ceux où l’on peut être dérangé. La situation exige toutefois de faire preuve d’indulgence et de souplesse. «Il faut savoir déroger à un agenda trop strict», relève Sébastien Eich. Afin d’éviter le sentiment d’isolement, le salarié doit garder contact avec ses collègues (téléphone, visioconférences). Les outils informatiques ne remplacent hélas pas les moments informels, constatent les experts. «Cette crise a montré que le collectif de travail est un élément important», souligne Céline Dubey Guillaume.
⇨ Convention avec l’employeur
Le télétravail actuel n’a pas été choisi. Il a été contraint en raison de la crise sanitaire. En situation normale, la demande de travailler à domicile émane généralement de l’employé. Dans ce cas-là, les experts recommandent d’établir une convention avec l’employeur. Ce document règle le nombre de jours effectués à domicile, les règles en matière de disponibilité, les horaires ou les équipements. «Le télétravail n’exempte pas l’employeur de son obligation de veiller à la santé des salariés», rappelle Claire Bauduin.
Alexandre Beuchat