Il y a un an, la Banque nationale suisse (BNS) sonnait le glas des taux d’intérêt négatifs. A la clé, une meilleure rémunération du capital qui aurait pu pousser les banques à diminuer certains coûts imputés à leurs clients. On en est loin. Un lecteur de Bon à Savoir nous a fait part de son amertume. «PostFinance a introduit des frais de gestion de 5 fr. par mois sur les comptes courants en francs suisses, soi-disant pour compenser les taux d’intérêt négatifs, relève-t-il. Cette mesure est toujours en vigueur malgré le retour des taux d’intérêt positifs.»
En 2013, PostFinance commence, en effet, à prélever 5 fr. mensuels aux détenteurs d’un compte privé dont le patrimoine est inférieur à 7500 fr. Elle généralise cette ponction dès 2019. En 2021, son offre se mue en package (un ensemble de services), toujours à 5 fr. par mois. L’envoi de relevés imprimés passe à la trappe. Pour ceux-ci, il faudra désormais débourser 5 fr. de plus. La banque invoque, alors, un manque à gagner: les fonds confiés par ses clients ne rapportent plus rien. Au contraire, ils génèrent des coûts du fait des taux d’intérêt négatifs.
Aujourd’hui, le taux directeur de la BNS s’élève à 1,75%, il pourrait même passer le seuil des 2%, cet automne. Les banques ont relevé leur taux d’intérêt sur les emprunts hypothécaires. La situation leur permet de réaliser des marges plus importantes. Une amélioration dont les petits clients tardent à voir la couleur. Si les comptes épargne commencent à être un petit peu mieux rémunérés, les frais de gestion, eux, ne baissent pas.
Interpellée, PostFinance justifie son immobilisme: «Grâce au revirement des taux d’intérêt, nous prévoyons certes une progression de notre résultat à moyen terme, toutefois, les effets positifs se manifesteront avec un certain décalage.» L’établissement précise que, en raison de l’interdiction qui lui est faite d’octroyer des crédits, il a particulièrement subi la phase de taux bas ou négatifs de ces dernières années. PostFinance ajoute encore que son package inclut d’autre prestations, comme une carte de débit gratuite.
Carte de débit pas toujours incluse
Selon les banques, l’octroi d’une carte de débit peut être gratuit à l’ouverture d’un compte ou facturé à part, comme le montre notre tableau comparatif. Il détaille les frais fixes prélevés par différents établissements pour la tenue d’un compte salaire de base, destiné aux adultes. Jusqu’à 25 ans, les jeunes bénéficient souvent d’offres plus avantageuses.
Les tarifs et conditions varient d’une banque à l’autre. La plupart facturent, en plus, l’envoi de relevés par courrier, mais réduisent les frais de gestion en fonction de la hauteur des avoirs du client, de même que s’il possède un patrimoine investi, une hypothèque ou une assurance-vie auprès de cet établissement.
Monsieur Prix remonté
Les frais bancaires devraient baisser, estime le Surveillant des prix. Stefan Meierhans a observé une tendance à la hausse de ces frais ces dernières années, en particulier ceux relatifs à la tenue de comptes. «L’une des raisons souvent invoquée par les banques suisses pour justifier cette tendance est de pallier la baisse de leurs marges sur intérêt. En effet, jusqu’à l’année passée, la situation des taux d’intérêt a pu partiellement éroder les marges des banques. Néanmoins, nous observons que, depuis la normalisation des taux d’intérêt de référence, les résultats de la plupart des banques ont été extrêmement positifs. Les clients des banques devraient donc aussi bénéficier de cette tendance à travers une réduction des frais bancaires».
Parmi les banques sollicitées qui nous ont répondu, aucune n’a indiqué avoir l’intention de revoir à la baisse ses frais de gestion. Dans un avenir proche, en tout cas. Elles n’ont, sans doute, pas de raison de se presser, puisque le client suisse change traditionnellement peu d’établissement bancaire. Il faut dire que, aux tracas administratifs, s’ajoutent des frais: clore un compte coûte de l’argent.
Pour qui voudrait sauter le pas, il est conseillé de bien évaluer ses besoins avant de comparer les prestations. Toutes les banques, par exemple, ne permettent pas autant de retraits sans frais aux bancomats de leurs concurrents.
Et les néobanques?
On peut encore regarder du côté des néobanques 100% numériques, a priori plus avantageuses en termes de frais de gestion. Là aussi, mieux vaut bien se renseigner sur les prestations que l’on attend. La possibilité d’enregistrer un ou plusieurs ordres permanents de transfert d’argent, par exemple. L’absence de bancomats peut faire grimper les coûts en cas de retraits d’argent liquide auprès de distributeur d’autres banques.
Geneviève Comby