Déménager n’est pas une partie de plaisir! On dit même que c’est une des expériences les plus stressantes de l’existence. Tout faire soi-même ou s’en remettre à des professionnels? Tel est le dilemme pour les 450 000 ménages qui changent de logement chaque année en Suisse. Solliciter l’aide d’amis coûtera certes moins cher que de recourir à une entreprise professionnelle. Toutefois, cette dernière option est souvent privilégiée en cas de gros volume à transporter et pour autant qu’on dispose d’un budget suffisant.
Toutes les entreprises ne font pas preuve du sérieux requis quand il s’agit de transporter l’intégralité de ses biens. Les offres bon marché pullulent dans les petites annonces. Tout un chacun peut s’improviser déménageur. Une camionnette, quelques auxiliaires au noir, et le tour est joué. Mais le bon plan peut vite tourner au cauchemar: une société qui ne se présente pas le jour venu, une facture qui prend l’ascenseur, un déménagement qui s’éternise, le mobilier endommagé...
La prudence est particulièrement de mise si les devis proposés sont sensiblement meilleur marché que ceux de la concurrence. «Les tarifs peuvent aller du simple au triple», avertit Isabelle Harsch, directrice générale de l’entreprise Henri Harsch et membre du comité de Swiss Movers Association (SMA). Résultat: la qualité peut aussi beaucoup fluctuer. En choisissant l’offre la plus basse, le client doit être conscient qu’il prend un risque. Parfois, le transporteur emploie du personnel peu formé, utilise un véhicule en mauvais état ou n’est pas correctement équipé. Certaines garanties permettent d’envisager un choix plus sereinement.
Se faire recommander des entreprises
Face à une offre pléthorique, il n’est pas évident de sélectionner quelques prestataires pour leur demander un devis. Le bouche-à-oreille est souvent une bonne solution. Demandez à vos connaissances si elles ont des recommandations. «Confier tous ses biens à des tiers n’est pas anodin. Nous sommes dans une activité qui nécessite un certain degré de confiance», souligne Andrea Genecand, directeur de la société genevoise Balestrafic.
Vérifier la réputation sur internet
La première impression, lors de la visite préliminaire du déménageur, permet de se faire une idée sur l’entreprise. Il est aussi utile de procéder à quelques vérifications en ligne. Une rapide recherche sur le site zefix.ch permet de savoir si la firme est inscrite au Registre du commerce. L’entreprise est-elle récente ou, au contraire, bien établie? L’ancienneté est un atout dans un secteur où beaucoup de nouveaux arrivants débarquent sur le marché et font faillite. Consultez les avis laissés sur internet, bien qu’ils ne soient pas toujours fiables. Prenez le temps de lire plusieurs commentaires afin de vous assurer de la pertinence des propos. Le déménageur a-t-il pris le temps de répondre aux commentaires négatifs? Par ailleurs, la société est-elle affiliée à l’Association suisse des transports routiers (ASTAG)? En cas de litige, cette dernière pourra tenter une conciliation. Au niveau national, la SMA délivre un label de qualité validé par des audits externes. Sur le plan local, l’Association genevoise des entreprises de déménagements (AGED) applique aussi une charte de qualité et est signataire de conventions collectives.
Demander plusieurs offres
Après avoir identifié des entreprises qui vous paraissent fiables, il est recommandé de demander au minimum trois devis. Recevoir plusieurs sociétés à domicile pour établir une offre demande un peu de temps et d’anticipation, mais la démarche vaut la peine, et c’est gratuit. Le devis en ligne est une alternative. Certaines plateformes permettent d’établir un inventaire détaillé pour évaluer le volume à transporter. Elles demandent à connaître précisément les conditions d’accès, la taille de l’ascenseur, le nombre de marches ou la distance entre la place de parc et le bâtiment. Cette estimation n’a toutefois de valeur que si les données fournies sont complètes. Le client devra donc veiller à ne pas omettre la cave, le galetas ou ne pas minimiser le nombre de cartons, faute de quoi il risque de se voir facturer des suppléments. Si l’offre a été établie de manière forfaitaire après une visite sur place, le déménageur ne pourra, en principe, pas réclamer de frais supplémentaires.
Comparer les devis et les prestations
Il est indispensable d’exiger un devis écrit. Selon l’entreprise, il sera minimaliste ou, à l’inverse, long d’une dizaine de pages. Une offre détaillée réduit le risque de mauvaises surprises le jour J. Doivent figurer sur le document: l’adresse d’origine et de destination, la date du transport, les coordonnées du déménageur, l’inventaire détaillé, l’assurance ainsi que les conditions générales. Vérifiez que la TVA (7,7%) soit comprise dans le prix. La lecture attentive des prestations permet d’éviter des déconvenues. Les tarifs varient-ils beaucoup? Assurez-vous que le devis le moins cher compte l’ensemble des services proposés par les autres déménageurs. L’emballage, la fourniture du matériel, la réservation des places de stationnement, le démontage et le remontage du mobilier ou l’utilisation d’un monte-meubles sont-ils inclus? Certains prestataires proposent le service de nettoyage, moyennant un supplément, si vous ne souhaitez pas vous charger de cette corvée. Dans ce cas, on contrôlera que la garantie de remise est incluse (lire aussi «Réussir son état des lieux de sortie»).
Combien coûte un déménagement?
Il n’existe pas de réponse générale à cette question. Les tarifs sont aussi variables que les besoins. Le prix dépend principalement du volume à transporter. Reste à l’évaluer précisément. Pour une estimation grossière, il suffit de prendre la superficie du logement (en m2) qu’on divisera par deux. Pour un appartement de 50 m2, le volume à déplacer sera de 25 m3. Cette évaluation est déterminante afin de choisir un véhicule suffisamment grand. Au final, le prix total dépendra aussi du mobilier, des accès, de la distance à parcourir et des options choisies. Certains prestataires donnent des fourchettes de prix sur leur site internet. Ces tarifs sont toutefois à prendre avec des pincettes. A titre d’exemple, on déboursera entre 1180 fr. et 1580 fr. pour le déménagement d’un 3,5 pièces (4,5 pièces à Genève) dans la même localité, selon le calculateur de la plateforme movu.ch.
Alexandre Beuchat
Qui est responsable en cas de dégâts?
Les dégâts ne sont pas rares, même lorsqu’on fait appel à des professionnels. Qui est responsable lorsque des dommages surviennent à cause de meubles mal sanglés, de manipulations brusques ou de maladresses? L’assurance responsabilité civile du client ne couvre pas les dégâts causés par le déménageur. Il faut donc vérifier que l’entreprise a bien une assurance RC et transport ainsi que le montant couvert. Comme toujours, lisez attentivement les conditions générales, car des sociétés se réfugient parfois derrière les clauses qui limitent leurs responsabilités aux seules fautes graves que les déménageurs auraient pu commettre.
Attention: si des objets sont endommagés pendant le déménagement, l’entreprise n’en assumera la responsabilité qu’à condition que les cartons aient été emballés par ses soins. En outre, sa responsabilité est limitée à seulement 500 fr. par m3 et jusqu’à un maximum de 25 000 fr. C’est pourquoi, il est conseillé de souscrire une assurance transport «tous risques», qui revient généralement à 0,5% de la valeur à assurer. Par exemple, si l’inventaire déclaré est de 50 000 fr., le surcoût sera de 250 fr. Le terme «tous risques» peut toutefois s’avérer très restrictif selon les compagnies, puisque certaines excluent les dommages résultant d’éraflures, d’égratignures, etc.
Par précaution, il est recommandé de prendre en photo les meubles et les objets de valeur avant le déménagement. Vous aurez ainsi une preuve d’éventuels dommages causés pendant le transport. En cas de casse, ne signez le rapport de travail ou la quittance que si les dégâts reconnus par l’entreprise y figurent. Les dommages qui n’ont pas été constatés sur le moment devront être annoncés, par écrit, au déménageur dans les trois jours, selon les conditions générales de l’ASTAG.