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Il y a sept ans, la population suisse refusait, par deux tiers des voix, l’initiative fédérale «En faveur du service public». Lancée en 2012 par Bon à Savoir, avec nos confrères alémaniques et tessinois, elle demandait notamment que l’on mette un frein à la fuite en avant des salaires des dirigeants des sociétés anonymes, détenues exclusivement ou partiellement par la Confédération: CFF, La Poste, Swisscom, Ruag, SSR, Finma, etc… Le plafonnement demandé correspondait, à l’époque, au salaire d’un conseiller fédéral, soit 475 000 fr. par an.
En outre, l’initiative exigeait que les bénéfices ne soient plus versés dans les caisses de la Confédération, mais qu’ils soient réinvestis dans l’entreprise les ayant générés. Avec, pour objectif de proposer des prestations de base à toutes les catégories de la population, dans toutes les régions du pays, à un prix abordable.
A la suite de ce refus populaire, une prise de conscience semblait tout de même avoir effleuré nos autorités. Le Conseil fédéral avait promis un contrôle plus strict ainsi que des salaires «politiquement et socialement acceptables».
Aujourd’hui pourtant, les problèmes que soulevait cette initiative demeurent: outre des salaires toujours en hausse pour les cadres dans 75% des entreprises concernées (lire «Les salaires des cadres continuent d’augmenter»), les consommateurs continuent de subir une baisse des prestations, une augmentation constante des prix et une course aux profits accompagnée d’une absence de transparence.
Ce constat est particulièrement visible auprès de La Poste, qui ne cesse de réduire son réseau. Des CFF, qui annoncent la plus forte hausse de tarifs au moment où l’offre diminue. Et des compagnies d’électricité, essentiellement en mains publiques, dont la plupart annoncent de confortables progressions de bénéfices, voire de dividendes, alors que les tarifs ont subi, cette année, des hausses historiques sur la base de méthodes de calcul souvent opaques (lire «Les tarifs augmentent, les bénéfices aussi»).
A l’heure où la pression sur le budget des familles est de plus en plus forte, sous le poids des hausses de primes de l’assurance maladie, des charges ou de l’alimentation, cette absence d’encadrement et de réglementation est moins tolérable que jamais.
Il est temps de reprendre le contrôle de ces entités qui, bien que publiques, s’affranchissent toujours plus des contrôles du public.
Pierre-Yves Muller
Rédacteur en chef
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