En Suisse, les consommateurs qui se chauffent au gaz subissent de fortes hausses de tarifs. Notre lecteur Karl Frey de Langenthal (BE) devra ainsi payer plus de 3000 fr. de gaz en 2023, soit 650 fr. de plus que l’an passé et 1800 fr. de plus qu’en 2021. Son fournisseur, IB Langenthal, a augmenté ses tarifs à six reprises au cours des deux dernières années. Par rapport à avril 2021, le gaz est actuellement trois fois plus cher dans la commune bernoise.
Les Romands subissent une pression similaire. Les Services industriels de Genève (SIG) ont augmenté les prix de 16% en 2023, ce qui représente un supplément mensuel de 20 fr. pour un appartement de 80 m2. Avec l’augmentation de mai 2022, le gaz a ainsi bondi de 55% en moins d’un an.
A Lausanne, le kWh s’est envolé de 35% le 1er octobre. Du côté de Fribourg, le Groupe E a relevé sa grille tarifaire de 26% au 1er janvier 2023, soit un surcoût d’environ 53 fr. par mois pour un ménage moyen.
Les fournisseurs de gaz justifient leurs décisions par des tarifs d’achat plus élevés, dans un marché déstabilisé par des variables économiques, géopolitiques et climatiques. Pourtant, les prix sur les marchés ont baissé depuis l’été. Fin décembre, le prix de gros du gaz naturel était retombé à son niveau d’avant le début de la guerre en Ukraine, le 24 février. Et, dans 17 pays européens sur 18, les réserves actuelles dépassent celles de l’année précédente.
Dénoncer les hausses excessives
Certains fournisseurs rétorquent que le fléchissement des prix n’a pas eu d’influence sur les tarifs, car ils se sont approvisionnés par des contrats à terme avant les baisses. Il n’empêche que de nombreuses sociétés semblent plus promptes à répercuter les hausses que les baisses. Si les prix de gros ne remontent pas, les consommateurs seront en droit d’attendre que leur facture s’adoucisse notablement.
La Confédération pourrait aider les consommateurs, puisqu’elle perçoit une TVA de 7,7% sur le gaz, soit 100 millions de francs en 2021. Il suffirait d’abaisser la TVA du gaz à 2,5%, comme c’est le cas pour l’eau, le pain et les journaux. Une telle action aurait permis d’alléger les factures des ménages de près de 70 millions de francs en 2021.
Les consommateurs peuvent annoncer les hausses qu’ils jugent excessives au Surveillant des prix, mais ce dernier n’émet que des recommandations, Bâle-Ville, par exemple, a ignoré son avis concernant la suppression d’une taxe de concession... Et ce sont les consommateurs qui en font les frais.
Jimmy Sauter/seb