Début mai, le cabinet du docteur Haldy, à Prilly, reçoit un téléphone de la société Swiss Office Solutions, basée à Allschwil (Bâle). Elle lui propose des toners d’imprimante à un prix intéressant. Une commande est passée. Les cartouches arrivent quelques jours plus tard et sont payées. Dans le courant de juin, le cabinet reçoit un nouveau paquet de la part de l’entreprise bâloise. L’employée présente, ce jour-là, suppose que c’est sa collègue qui les a commandées. Elle règle la facture.
La situation se répète chaque mois durant l’été. Les différentes collaboratrices du secrétariat n’étant pas au bureau simultanément, les cartouches d’encre s’accumulent. A la fin des vacances, une employée réalise que le stock est beaucoup trop important. «En quelques mois, nous avons reçu la quantité d’encre qu’on utilise d’habitude en plus de deux ans!» Elle décide de tirer l’histoire au clair et se rend compte que, à part au mois de mai, aucune commande n’avait jamais été passée.
Elle essaie alors de prendre contact avec Swiss Office Solutions pour retourner les toners et obtenir leur remboursement. Après plusieurs tentatives, on la met en contact avec une interlocutrice au ton agressif qui promet de faire suivre la demande. Depuis, après de nombreux contacts téléphoniques et deux recommandés, la situation n’a toujours pas bougé.
Plainte pénale déposée
Contactée par nos soins, l’entreprise nie envoyer des toners non commandés. «Il faudrait être naïf pour y croire. Chaque client est systématiquement joint par téléphone pour les ventes.» Pourtant, ce n’est pas la première fois que ses méthodes de vente sont pointées du doigt. En mars 2016, l’émission alémanique Kassensturz dénonçait une vingtaine de sociétés opérant sur le même modèle, dont Swiss Office Solutions: l’envoi de factures pour des cartouches non livrées. Au mois d’octobre, nous écrivions aussi un article en ligne relatant la mésaventure d’un bureau d’ingénieurs valaisan avec cette même enseigne (lire «Quand la mafia du toner vise les PME» sur bonasavoir.ch).
Pour éviter que d’autres PME ne tombent dans le même piège, le cabinet du docteur Haldy a décidé de déposer une réclamation au Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO). Celui-ci nous a confirmé que l’incident n’était pas un cas isolé: en septembre, il a lui-même déposé une plainte pénale pour concurrence déloyale contre Swiss Office Solutions. L’affaire est entre les mains du Ministère public du canton de Bâle-Campagne.
Comment réagir
Bon nombre d’autres sociétés essaient d’abuser des consommateurs (lire encadré ci-dessous). Dans le cas d’articles livrés mais non sollicités, voici quelques conseils pour éviter de se faire
plumer.
⇨ Si un livreur apporte une marchandise non commandée, refusez-la.
⇨ Si vous avez reçu un objet non sollicité, vous n’êtes pas tenu de le renvoyer à l’expéditeur. Avertissez-le simplement, par écrit, que vous n’avez rien demandé, que vous ne payerez pas et que les articles sont à disposition dans vos locaux.
⇨ Vous avez également la possibilité de déposer une réclamation au SECO qui pourra saisir le Tribunal cantonal compétent ou déposer une plainte auprès de la police ou du Ministères public cantonal.
Bernard Utz
Pratique
Alertes conso sur bonasavoir.ch
Les consommateurs sont souvent confrontés à des sociétés aux méthodes déloyales. Offres suspectes, téléphones indésirables, démarcheurs dérangeants… Les lecteurs de Bon à Savoir sont vigilants et signalent régulièrement ces agissements. Nous les répertorions sur notre site internet, sous la rubrique «Alertes conso».
Vous pouvez ainsi vérifier si le numéro qui vous a appelé fait partie d’une liste de téléphones indésirables, si l’offre d’emploi trop belle pour être vraie est une arnaque ou encore si l’e-mail que vous avez reçu est un cas de phishing. En tout, onze catégories d’alertes sont recensées sur notre site. Et c’est grâce à votre participation active que nous pouvons l’enrichir en permanence. N’hésitez pas à nous transmettre toute information utile sur [email protected]