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La hausse des primes de l’assurance maladie pour 2024 portera à plus de 180% leur augmentation depuis l’introduction de la LAMal, en 1996. Dans le même temps, les salaires ont progressé de moins de 30%. De quoi saper le moral des consommatrices et des consommateurs et, surtout, mettre plus à mal encore le budget de familles et de retraités déjà exsangue.
Année après année, le constat se répète. Paralysé par des lobbies surpuissants, un manque de volonté et de courage, le parlement fédéral se montre incapable de mener des réformes ambitieuses. Les évolutions en faveur des assurés sont ainsi systématiquement bloquées (lire en page 25). L’usine à gaz de la santé suisse continue donc de s’emballer, poussant désormais 23% des assurés à renoncer à des soins pour des raisons financières.
Car ces dernières années, pour alléger leurs primes, nombreux sont ceux qui ont opté pour des franchises à 2500 fr. En cas de gros pépin de santé, c’est 3200 fr. qu’il faut pouvoir sortir de sa poche, en comptant la franchise et la quote-part maximale de 700 fr. (lire en page 6).
Prisonniers du système, les assurés ont également massivement opté pour des modèles alternatifs contraignants, et changé de caisse maladie pour réduire la facture, comme le recommandent aussi bien l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) que le Conseil fédéral. En 2022, un quart des assurés a choisi cette solution pour amortir le choc de la hausse des primes.
Résultat: les mêmes qui nous recommandaient cette solution nous expliquent aujourd’hui que, à cause de ces changements, des recettes moins élevées que prévu ont entraîné des hausses de coût encore plus importantes cette année, et donc contribué à la hausse des primes pour 2024...
Les pistes pour diminuer les coûts ne manquent pourtant pas, à commencer par celle des médicaments, qui représentent près d’un quart de la facture des assureurs.
Nos confrères du magazine Saldo ont effectué à ce sujet un calcul édifiant. Depuis janvier 2020, l’OFSP a inscrit 1898 nouveaux médicaments sur la liste des produits devant être remboursés. Le prix moyen de ces médicaments atteint 770 fr. Il était de 392 fr. entre 2010 et 2019, et de 160 fr. entre 2000 et 2009. Même constat pour les génériques, dont le prix a doublé en l’espace de huit ans (lire «Nouveaux médicaments de plus en plus chers»).
Notre système est à l’agonie, il est urgent d’ouvrir les yeux et de le remettre sur pied. C’est le travail du parlement, que nous renouvellerons dans quelques semaines. A nous de choisir celles et ceux qui auront le courage de regarder le problème en face et de s’y attaquer vraiment.
Pierre-Yves Muller,
Rédacteur en chef
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