Envie de déguster quelques surimis? Vous ne saurez souvent pas ce que vous avalez vraiment. Une enquête, publiée aujourd’hui, de l’Association française des consommateurs et usagers CLCV) souligne que les informations fournies sur les étiquettes des produits à base de poisson, comme les surimis, les nuggets, les soupes ou encore les plats cuisinés, sont très souvent imprécises. Impossible de connaître «les espèces de poisson utilisées, les quantités mises en œuvre ou la nature de la matière première (chair ou filet)».
Si l’étude a été effectuée en France, une lecture d’étiquettes en Suisse rappelle que le problème est similaire. Un exemple: plusieurs paquets de bâtonnets surimi indiquent ainsi «chair de poisson 38%», mais sans préciser de quelle espèce il s’agit. «Cette mention particulièrement vague permet au fabricant de changer le poisson entrant dans la recette en fonction des cours et des opportunités commerciales» explique la CLCV. Quant à l'indication «chair de poisson», elle n’est guère plus claire. S’il existe, en France, une norme fixant la composition du surimi et stipulant que la chair doit être obtenue à base de filet, l’association française souligne que les procédés industriels ne sont pas particulièrement appétissants lorsqu’il s’agit d’élaborer la chair de poisson: «Dans certains cas, il peut s’agir de filets hachés, mais, dans d’autres, les chutes sont récupérées et passent dans des broyeurs et des presses d’où sort un mélange de chair, de fragments d’arêtes et éventuellement de peau en proportions variables».
Sticks de poisson
Si l’on se penche sur les sticks de poisson, la situation varie quelque peu entre les deux pays. Chez nos voisins, la CLCV a constaté que, dans la moitié des cas, la matière première mise en œuvre est de la chair et dans l’autre du filet, préféré par l’association. Les produits dont nous avons parcouru l’étiquette en Suisse étaient, en revanche, tous composés de filets. Mais ne rêvez pas trop! «Il est important de préciser que les panés sont souvent fabriqués avec des morceaux de filets agglomérés, prévient la CLCV. En effet, à partir d’un filet, les industriels découpent dans sa partie la plus épaisse des pavés de forme et de taille régulières, qui sont directement surgelés sans être panés. Cette opération génère des chutes, c’est-à-dire des morceaux de filets irréguliers qui eux sont congelés en bloc et qui servent à faire des panés».
L’association se félicite, toutefois, de «l’absence de l’huile de palme qui a disparu de ces recettes compte tenu des critiques formulées à son égard». En Suisse, ce ne semble pas être encore tout à fait le cas: si la liste des ingrédients de certains panés mentionnent l’utilisation d’«huile de colza», sur d’autres, il est simplement écrit «huile végétale». Un flou qui masque souvent le recours à l’huile de palme.
Sébastien Sautebin