Mieux vaut se renseigner avant de franchir le seuil d’un acupuncteur ou d’un naturopathe. En Suisse, le remboursement des médecines douces ne va pas de soi, c’est le moins que l’on puisse dire. Il existe dans notre pays plus de 200 méthodes de soins pratiquées par 25 000 thérapeutes et plus de 50 caisses maladie. Si Berne a clarifié les règles pour l’assurance de base, les pratiques des complémentaires relèvent plutôt de la cacophonie.
Depuis 2012, l’assurance obligatoire rembourse ainsi la médecine anthroposophique, la médecine traditionnelle chinoise (dont l’acupuncture), l’homéopathie et la phytothérapie. Seules les consultations auprès de médecins titulaires d’un diplôme fédéral et spécialisés dans la discipline concernée sont prises en compte.
Chez ces praticiens, les règles sont les mêmes que pour toute consultation: la facture est soumise à la franchise choisie par le patient (entre 300 fr. et 2500 fr.) La participation s’élève à 10% jusqu’à ce que la quote-part annuelle de 700 fr. soit atteinte.
Si un acupuncteur ne remplit pas ces conditions, le patient devra se tourner vers une police complémentaire pour être remboursé. Les conditions de remboursement dépendent alors de chaque assureur.
Des règles opaques
Première précaution: vérifier que la compagnie reconnaisse la thérapie souhaitée. Ainsi, la CSS inclut le hatha-yoga dans ses prestations, mais pas l’étiopathie. Cette thérapie est, en revanche, reconnue par Visana… qui ne rembourse pas les cours de yoga. L’acupuncture (pratiquée par un thérapeute et non par un médecin) ou l’ostéopathie sont en revanche prises en charge par la plupart des assureurs.
La liste est généralement publiée sur le site internet des caisses (Assura, CSS, EGK, Helsana, ÖKK, Sanitas, Swica, Visana). Groupe Mutuel ne divulgue pas ces informations, mais s’engage à répondre dans les quatre jours.
Deuxième étape: faire valider le choix du thérapeute. Une compagnie qui approuve la naturopathie ne donne pas pour autant un chèque en blanc à tous ceux qui la pratiquent. La plupart des assureurs reconnaissent les prestataires figurant au Registre des médecines empiriques (RME) ou à la Fondation suisse pour les médecines complémentaires (ASCA). Groupe Mutuel, Swica et Sanitas admettent les deux, alors que Visana et EGK ont élaboré leurs propres systèmes d’évaluation.
Participation limitée
Reste enfin à mettre, quand même, la main au porte-monnaie. La couverture varie entre 75% et 90% des coûts, selon les assureurs. Swica a fixé un forfait horaire maximal de 80 fr. et une franchise annuelle de 600 fr. Et c’est sans parler du plafond annuel qui varie selon les caisses et les formules choisies entre 1000 fr. et 10 000 fr.
Avant de contracter une telle complémentaire, on réfléchira àses besoins. Vaut-il la peine de payer la prime pour deux rendez-vous annuels chez l’ostéopathe? On ne résiliera néanmoins pas la police sans mûre réflexion et avant d’être sûr d’être accepté par une autre compagnie. Ce qui, au-delà d’un certain âge, ne va pas de soi.
Claire Houriet Rime
Une préparation, deux emballages
L’assurance de base rembourse les médicaments autorisés par Swissmedic et enregistrés sur la Liste des spécialités (LS). Idem pour les préparations à base de plantes recensées dans celle des médicaments avec tarif (LMT).
L’ordonnance doit toutefois être signée par un médecin reconnu par l’assurance de base. Ce n’est, par exemple, pas le cas du naturopathe. Les remèdes qui ne sont pas pris en charge par la couverture de base peuvent toutefois être remboursés par les assurances complémentaires, aux conditions fixées par chaque compagnie.
Pour corser le tout, certains médicaments sont vendus sous plusieurs formes, l’une remboursée par l’assurance de base… mais pas les autres. C’est le cas des comprimés pour dormir à base de valériane et de cônes de houblon. L’emballage Redormin est ainsi validé par l’assurance obligatoire, mais pas les autres versions (Zeller Sommeil, Valverde, etc.) Il en va de même pour l’extrait sec de gattilier, ou arbre à poivre. Ce principe actif lors du syndrome prémenstruel est remboursé dans le Premens, mais pas dans le Prefemine. Ou pour l’extrait de millepertuis, connu pour ses vertus antidépressives et pris en charge dans l’emballage Rebalance mais pas dans le Remotiv. Dans ce contexte, le patient a le droit de demander à son médecin de prescrire le produit qui convient le mieux à sa couverture.