Mille sabords! Alors que la Suisse demeure un îlot de cherté absolue, le Surveillant des prix, Stefan Meierhans, focalise son attention, dans sa dernière newsletter, sur… les tarifs des places d’amarrage. Nonobstant le fait que certains chiffres étaient faux, comme l’ont révélé plusieurs quotidiens, les consommateurs qui galèrent pour boucler leurs fins de mois ont de quoi se poser des questions sur les choix aquatiques de Monsieur Prix.
Certes, la Suisse est un pays de lacs et les Helvètes sont aussi un peu un peuple de marins (d’eau douce) puisqu’on recensait 96 466 bateaux privés, l’an passé. Toutefois, au risque de fâcher quelques capitaines du dimanche, on peut raisonnablement estimer qu’il s’agit avant tout d’un loisir de riches. Il n’y a aucune honte à avoir de l’argent, mais les citoyens qui ont le plus besoin de diminutions de prix dans notre pays ne tireront strictement aucun bénéfice d’une enquête sur les tarifs des places d’amarrage.
Ne serait-on pas en droit d’attendre du Surveillant des prix, dont la tâche est énorme et les moyens très limités, qu’il concentre ses combats sur les gros dossiers? Et il y en a un paquet, pour ne citer que La Poste, les médicaments ou encore les transports publics.
Stefan Meierhans doit donc changer de cap! Néanmoins, si les places de stationnement l’intéressent tant, les propriétaires des quelque 4,5 millions de voitures de tourisme, dont de nombreux citadins, apprécieraient sans doute qu’il s’intéresse aux tarifs de stationnement dans les villes, qu’il s’agisse des horodateurs de rue, des parkings ou des macarons pour résidents. Ces derniers coûtent, par exemple, 110 fr. par an à Neuchâtel, mais atteignent 500 fr. à Lausanne. Et, à la différence des propriétaires de bateaux qui se servent de leur bien pour aller faire bronzette au milieu du lac le dimanche, les conducteurs ont, souvent, un besoin impératif de leur voiture, cinq jours par semaine, afin d’aller gagner leur croûte.
Sébastien Sautebin