La NASH (acronyme anglais de stéatohépatite non alcoolique) est une maladie insidieuse, car elle se développe silencieusement, sans aucun signe avant-coureur, pendant dix ou vingt ans. Quand on la détecte, souvent par hasard, le foie en général déjà bien atteint. Or, les complications les plus sévères peuvent entraîner cirrhose et cancer du foie. Ce mal concerne 2% à 6% de la population en Europe, un taux qui augmente au même rythme que celui du surpoids et du diabète. Bien que le terme «NASH» date de plus de vingt ans, on évaluait mal, jusqu’à présent, l’ampleur du phénomène. On a aussi sous-estimé cette maladie, car elle est très difficile à diagnostiquer, sauf à pratiquer une biopsie ou un fibroscan (ultrasons du foie).
La malbouffe, à savoir une alimentation trop sucrée et trop grasse, couplée à une vie sédentaire sont à l’origine de la NASH. Le fructose est particulièrement montré du doigt. Cet ingrédient bon marché est de ce fait un des sucres les plus utilisés dans l’industrie alimentaire: plats préparés, aliments transformés et surtout sodas. La NASH est d’ailleurs aussi appelée «maladie du soda». Les Suisses en boivent 82 litres par an et par personne, ce qui les place au 12e rang des plus grands consommateurs de sodas du monde. Pour rappel, le sucre de table ou saccharose est constitué pour moitié de fructose
Une maladie qui évolue
Plus on consomme de fructose, plus on stimule l’accumulation de graisse dans le foie. En ce sens, le fructose est comparable à l’alcool, sauf que l’on y est exposé dès les premières années de sa vie.
Comment une personne qui ne boit pas une goutte d’alcool peut-elle souffrir de cirrhose du foie? De la même manière que les oies, quand on les gave de maïs pour développer leur foie sain en un foie gras.
Un foie normal contient moins de 5% de cellules graisseuses. L’excès continu de calories ingurgitées (principalement sous forme de sucre que le foie transforme en graisse) entraîne le dépassement de cette valeur. Le foie se charge en graisse, c’est la stéatose dite non alcoolique.
Quand la situation devient chronique, l’organisme se met en mode défensif. Pour des raisons encore mystérieuses (génétiques? en lien avec le microbiote?), seules 20% des personnes qui développent une stéatose, voient leur système immunitaire s’emballer pour combattre cet ennemi. L’inflammation provoque des cicatrices, les fibroses, qui envahissent progressivement le foie, détruisant le tissu sain. La bonne circulation du sang est entravée et le foie devient de plus en plus dur. Au final, il ne peut plus assurer ses fonctions fondamentales. Dans les cas extrêmes, seul le recours à une greffe d’organe permet la survie.
Doris Favre
L’alimentation pour seul traitement
Faute de médicaments, la NASH est pour l’instant difficile à soigner. Il vaut donc mieux prévenir son apparition en ajustant nos habitudes alimentaires et en adoptant une meilleure hygiène de vie.
- Limiter notre consommation de sucre. L’OMS recommande de ne pas dépasser 50 g par jour, c’est ce que contient l’équivalent d’une bouteille de soda de 5 dl!
- S’hydrater avec de l’eau, du thé ou des tisanes sans sucre.
- Limiter les boissons sucrées et, évidemment, alcoolisées: l’organisme comptabilise mal les calories sous forme liquide.
- Préférer les fruits aux jus de fruits. Un petit jus d’orange (1 dl) contient déjà 10 g de sucre
- Adopter une alimentation de type méditerranéen: céréales complètes, fruits, légumes, noix, poisson
et peu de viande. - Privilégier le «fait maison» avec des aliments aussi bruts que possible.
- Ne recourir qu’occasionnellement aux produits industriels précuits ou ultratransformés.
- Au petit-déjeuner, préférer les céréales complètes ou les flocons d’avoine aux corn flakes trop vite assimilés par l’organisme.
- Eviter le grignotage sans faim d’aliments généralement gras et sucrés.
- Adopter une activité physique régulière comme la marche soutenue, une demi-heure par jour.