Quitter ou perdre un emploi, c’est souvent de l’organisation et des émotions fortes, sans oublier une foule de démarches administratives. D’autant plus si ce départ est couplé avec un déménagement, la planification d’un congé sabbatique, la garde d’enfants ou la recherche d’un nouveau travail avec l’aide du chômage. Durant une période aussi mouvementée, les avoirs du 2e pilier passent souvent au second plan.
Certains oublient même durablement ce pour quoi ils ont cotisé pendant des années. Plus de 13,9 milliards de francs sommeillent aujourd’hui, sur 1,27 million de comptes ouverts par la Fondation institution supplétive LPP. Les avoirs sont transférés à cette organisation à but non lucratif par les caisses de pension des employeurs si, après une période allant de six mois à deux ans, les salariés ne leur ont pas indiqué d’alternative. Tant qu’on n’y touche pas, cette épargne reste en jachère auprès de la Caisse supplétive.
S’épargner des frais
Et pourquoi ne pas l’y laisser? A voir les taux d’intérêt désespérément bas et certains frais administratifs pour les comptes de libre passage, on peut se demander à quoi bon se soucier de sa prestation de sortie jusqu’à la reprise d’un travail. Tandis que certains établissements facturent 30 fr. à 40 fr. de frais de tenue de compte et 50 fr. ou 100 fr. de frais de clôture, la Caisse supplétive ouvre, pour sa part, des comptes de libre passage sans frais.
Quant à son taux d’intérêt, de 0,01%, il n’est certes pas particulièrement séduisant. Mais les autres ne rivalisent guère! Atteignant jusqu’à 2% il y a dix ans, tous les taux ont dégringolé pour se situer dans une moyenne entre 0% et 0,1%. Dans ces conditions, la rémunération des comptes est plutôt chiche. Pour une pause de quelques mois voire d’un ou deux ans avant la reprise du travail, on peut opter pour un quelconque compte de libre passage sans frais… Ou laisser ce capital suivre son chemin jusqu’à la Fondation institution supplétive LPP avant de le rechercher facilement. Les instruments actuels rendent impossible la perte définitive de ses avoirs (lire encadré).
Attention, toutefois, à ne pas oublier cette épargne et à la transférer dès que possible vers la caisse de pension du nouvel employeur. C’est à la fois obligatoire et dans l’intérêt de chacun. Contrairement aux banques et aux fondations, les caisses de pension doivent appliquer le taux minimal fixé par le Conseil fédéral, de 1% depuis plusieurs années. Et nombre d’entre elles en proposent de bien plus avantageux. On profitera alors d’intérêts dignes de ce nom! Sans compter les avantages du point de vue des prestations en cas de décès ou d’invalidité.
Gagner à plus long terme
Voilà pour les aspects génériques. Mais certaines situations particulières méritent des conseils particuliers.
En restant plus d’un an sans travailler:
- Il peut être intéressant d’investir, auprès de fondations de libre passage, dans des placements plus performants que les taux d’intérêts quasi nuls des comptes de libre passage. Une banque gère alors cet avoir et le rémunère à un taux bien plus attractif, avec peu de risques. Pour un capital de 100 000 francs et un rendement de 2%, on gagne 2000 francs en un an dont il faudra néanmoins soustraire de souvent coûteux frais de placement. Attention, la recherche de rendements plus élevés augmente aussi les risques. On peut perdre une partie de ses avoirs du 2e pilier, selon les aléas de la Bourse. Pour ce type d’options, il faut éplucher les offres des banques, des assurances et des fondations, au cas par cas.
- Il est aussi possible de préférer une police de libre passage et de protéger ses avoirs jusqu’à la retraite. Selon cette solution, toujours moins proposée et prisée, les survivants touchent capital et intérêts jusqu’à la fin de l’année en cas de décès.
- A noter que, souvent, il s’avère plus avantageux d’opter pour une assurance risque pur plutôt que de mêler épargne et risques (lire «Pour parer au pire»).
En cas de licenciement à l’approche de la retraite:
- Il peut être tentant de retirer son 2e pilier pour en profiter plus tôt. Attention: la manœuvre est vivement déconseillée tant qu’on a droit aux indemnités de chômage. Sans quoi, ces dernières pourraient être diminuées, voire même supprimées!
Gilles D’Andrès
Retrouver facilement ses avoirs
Un changement fréquent d’employeur complique la donne, les travailleurs sont en général informés quant à leurs prestations de sortie. Les caisses de pension et la Fondation institution supplétive LPP adressent des courriers aux personnes concernées dès que la situation évolue. Nombre d’entre elles prennent pourtant conscience, par exemple à la veille de la retraite, qu’elles ne savent plus où sont disséminés leurs avoirs du 2e pilier.
Il faut, dans ce cas, remplir et adresser gratuitement à la Centrale du 2e pilier, par courrier ou par e-mail, un formulaire téléchargeable sur son site. La Centrale comparera les coordonnées du mandant avec les informations reçues des institutions de prévoyance, puis l’informera si elle retrouve tout ou partie des avoirs. Plusieurs applications pour mobile, à l’image de Kala, permettent aussi de lancer en quelques minutes une recherche vers la Centrale du 2e pilier.