Les vacanciers sont une denrée fort recherchée, l’été venu. Et pour cause: en 2019, les Suisses ont dépensé 18,635 milliards de francs lors de leurs voyages à l’étranger, selon l’Office fédéral de la statistique. En parallèle, la même année, la Suisse a encaissé pour 17,837 milliards de francs dans le secteur touristique. Après des mois de perturbations en raison de la pandémie, il n’est pas surprenant que le secteur économique ait cherché, à tout prix, à faire revenir ce petit monde dans les hôtels familiaux du bord de mer, chalets de montagne et autres appartements de vacances.
Les compagnies aériennes et les destinations de rêve feront donc tout pour vous rappeler à vos devoirs de loisirs estivaux, à coup d’images photoshopées. Les réseaux sociaux appelleront à la surenchère de clichés prouvant que vous avez trouvé le plus beau point de vue sur un soleil couchant, testé le meilleur restaurant de la région ou la dernière escape room du coin.
Au moment du départ pour votre voyage, vous aurez déjà passé des jours et des jours à turbiner pour soupeser les différences entre tests rapides, PCR ou immunité vaccinale, dégoter le meilleur antimoustique à base naturelle et réaliser de savants calculs pour savoir si neuf heures de route valaient mieux que cinq heures de train avec trois changements. Et puis, sur place, il y aura plein de choses à faire, à voir, il sera possible de rayonner, peut-être de louer une voiture...
Halte-là!
Il est temps de se rappeler que les vacances servent avant tout à reposer le corps et l’esprit. Doit-on culpabiliser de rester vissé au transat au lieu de réaliser la rando ultime à travers pierriers et à 800 mètres de dénivelé? Tout mignon qu’il soit, ce village médiéval à 60 kilomètres pourrait, peut-être, garder ses secrets pour d’autres touristes... Il y a un an et demi, le Covid-19 nous a fait rêver d’un monde d’après, différent, plus proche de nos besoins réels. Nous ne sommes pas de simples portemonnaies sur pattes, ni des enfants impatients qu’il faudrait occuper et distraire à tout prix. Ce repos, qui vous ferait presque culpabiliser, ce sentiment de douce oisiveté qui vous saisit, a un nom. Le farniente. Testez-le cet été, vous verrez… il est gratuit. En revanche, c’est vrai, il est difficile à photoshoper.
Laura Drompt