Le billet détaillant les médicaments à prendre marque la fin de la consultation: on le prend d’une main en prenant congé de l’autre. Ce n’est qu’à la pharmacie ou même plus tard, en recevant le décompte de l’assurance maladie, qu’on verra la note: bienvenue dans le labyrinthe des tarifs!
Le prix du médicament
Les médicaments mis sur le marché se divisent en trois catégories selon qu’ils sont:
- Délivrés uniquement sur ordonnance médicale et remis en pharmacie, ce qui implique d’avoir pris rendez-vous avec un médecin, ou de l’avoir appelé pour renouveler l’ordonnance; certains peuvent être conseillés et remis par le pharmacien au patient en personne et doivent être inscrits au dossier;
- Délivrés sans ordonnance médicale mais uniquement sur conseil spécialisé d’un pharmacien, d’une assistante en pharmacie ou d’un droguiste;
- En vente libre.
Seuls les médicaments prescrits sur ordonnance sont remboursés par l’assurance maladie. Mais ce n’est pas tout, car ils doivent encore figurer dans un des documents suivants:
- La liste des spécialités (LS) détaille sur 450 pages tous les médicaments pris en charge. On y trouve tous les emballages prêts à l’emploi sur le marché. Attention: cette liste émet parfois des réserves, en soumettant par exemple le remboursement à des conditions strictes, ou en prévoyant un délai maximal pour la prise du médicament.
- La liste des produits et des substances actives et auxiliaires employés pour la prescription magistrale ainsi que leur tarif (LMT). Elle recense les substances utilisées par le pharmacien ou le droguiste pour la fabrication d’un produit thérapeutique prescrit par le médecin, par exemple une pommade spéciale ou des gélules pour un dosage particulier.
Les médicaments qui remplissent les deux conditions (ordonnance médicale et liste approuvée par l’OFSP) sont pris en charge par l’assurance de base, après déduction de la franchise et de la quote-part. Cette dernière est de 10% pour les médicaments génériques. Elle grimpe à 20% pour les médicaments originaux, à moins, bien sûr, que le générique n’existe pas, ou si la différence entre les deux est inférieure à 20%. Dans certains cas, le médecin peut aussi imposer le recours à l’original.
Quant aux remèdes remis sur conseil spécialisé et qui peuvent être vendus sans ordonnance, ils ne sont remboursés que s’ils figurent sur la liste des spécialités et sont délivrés sur ordonnance. C’est le cas par exemple de certains produits de premier recours (pastilles pour la gorge, solutions buccales, gouttes oculaires).
D’autres médicaments sont soumis à ordonnance mais ne figurent pas sur la liste des spécialités. Ils ne sont donc pas remboursés: c’est le cas de la pilule contraceptive ou des comprimés pour stimuler l’érection.
Certaines préparations sont enfin prises en charge par les complémentaires, le plus souvent seulement sur prescription médicale: chaque assureur est alors libre d’élaborer sa propre liste.
Conseils individualisés
Quand on retire une ordonnance à la pharmacie, celle-ci doit être vérifiée. Il s’agit de la comparer avec le dossier du patient et de clarifier la posologie. La rémunération de cette prestation ne dépend pas du prix du médicament mais correspond à des forfaits (voir illustration). Le contrôle de l’ordonnance citée en exemple coûte 20.45 fr., soit 4.30 fr. par remède différent (quel que soit le nombre d’emballages) et 3.25 fr. pour l’inscription au dossier. D’autres montants sont prévus, par exemple 21.60 fr. pour la composition du semainier d’une personne âgée, sur prescription. Ces frais sont pris en charge par l’assurance maladie.
Pour les médicaments remis sans ordonnance médicale, mais sur conseil personnel, le pharmacien peut facturer son travail (lire «Sans ordonnance ne veut pas forcément dire en vente libre»). L’entretien doit avoir lieu dans un local fermé, loin des oreilles indiscrètes. Il consiste à s’enquérir de la santé et du passé du patient, puis à consigner le tout dans son dossier. Le prix de cette prestation n’est pas réglementé puisque l’assurance-maladie ne la rembourse pas. Il peut varier entre 20 fr. et 30 fr. selon les enseignes et la complexité du conseil. Certaines pharmacies indépendantes ne facturent pas encore ce service.
Cette solution est intéressante pour les assurés ayant opté pour une franchise élevée, puisqu’ils ne paieront ni la consultation médicale, ni les forfaits de validation de l’ordonnance et recevront leur traitement sans rendez-vous. Elle a également l’avantage d’être claire, car on règle son dû au comptoir. La transparence est aussi de mise pour les assurés soumis au système du tiers garant munis d’une ordonnance: dans ce cas, on paie d’abord et on envoie ensuite la note à la caisse maladie.
Dans le système du tiers payant, en revanche, c’est la pharmacie qui envoie la note à l’assurance qui facture ensuite sa part au patient. Ce dernier règle ensuite la franchise et sa participation aux coûts.
Claire Houriet Rime
Gare aux contrefaçons
Depuis 2015, seuls les médicaments prescrits sur ordonnance peuvent être commandés sur les sites de pharmacies officiellement reconnues. Ce procédé ne dispense pas le pharmacien de prendre les précautions d’usage par le biais d’un questionnaire auquel il faut répondre sans mentir: allergies, intolérances, diabète, troubles cardio-vasculaires, hypertension et prise régulière d’autres médicaments sont autant d’éléments qui entrent en jeu. Les femmes enceintes ou qui allaitent le mentionneront aussi sans faute.
La santé a un prix: Swissmedic recommande expressément de faire ses emplettes sur des sites suisses et met en garde contre les plateformes étrangères qui proposent des contrefaçons à des tarifs imbattables, sans garantie quant à leur efficacité. Les préparations «végétales» pour stimuler l’érection ou perdre du poids peuvent ainsi contenir des substances chimiques dangereuses.