Passer la tête hors de la tente, humer l’air frais, se préparer un café sur un petit réchaud à gaz. Et, enfin, contempler le lever de soleil à l’horizon sans bruit ni personne alentour. Le tableau fait rêver de nombreux Suisses.
Mais attention: dormir dans la nature n’est pas possible partout. Mieux vaut s’informer sur les règles en vigueur afin d’éviter les conflits et les amendes. Si aucune loi fédérale n’encadre la pratique, de grandes lignes directrices se dégagent pour l’ensemble du territoire suisse.
Interdiction totale dans les zones protégées
«Camper librement est expressément interdit dans le Parc national, les districts francs fédéraux, de nombreuses réserves naturelles, et les zones de tranquillité pour la faune», explique Viola Mauri-Martinelli, chargée d’information à l’Office fédéral de l’environnement. Les interdictions sont généralement délimitées par des panneaux en bordure des secteurs concernés. Une carte en ligne de la Confédération (bit.ly/3hQ3uCj) permet d’afficher les différentes zones protégées.
Une seule nuit tolérée en montagne
«Passer une seule nuit au-dessus de la limite forestière et en petit groupe ne pose en général pas de problème si l’on se comporte avec égards», assure le Club alpin suisse (CAS).
Conseil: Où installer son campement en toute sécurité? Les prairies alpines ou les terrains rocheux sont à privilégier. Pensez aux dangers naturels. Ce lieu est-il à l’abri de la foudre, de crues, d’avalanches et de chutes de pierre? En cas de fortes pluies, la situation peut se détériorer en quelques minutes. Pour vous prémunir de tout risque, installez-vous à une distance suffisante des cours d’eau, précise le CAS. Aussi, si vous devez allumer un feu, utilisez les foyers déjà existants.
A bien plaire sur les terrains privés
Quelle que soit l’altitude, il est également possible de planter sa tente sur un terrain privé, uniquement à condition d’avoir l’autorisation du propriétaire. Lorsque vous passez à proximité d’une ferme ou d’une cabane, demandez à la famille paysanne ou à l’équipe de gardiennage s’il est possible de vous installer.
Partout ailleurs, les communes ont le dernier mot
En dehors de ces situations, la situation se complexifie drastiquement. Faute de réglementation fédérale, les dispositions légales sont déléguées aux cantons. Le Tessin a par exemple totalement interdit le camping sauvage. L’amende infligée aux contrevenants peut grimper jusqu’à plusieurs milliers de francs. Le Touring Club Suisse (TCS) propose sur son site web un résumé des différentes législations cantonales.
La plupart du temps, «la décision finale incombe toutefois aux communes qui peuvent édicter leurs propres prescriptions», souligne Laurent Pignot, responsable de la communication du TCS. Et le camping sauvage n’est que rarement autorisé.
Pour en avoir le cœur net, une seule solution: se renseigner auprès de l’administration communale concernée, de l’office du tourisme ou de la police locale. Fastidieux mais indispensable pour dormir sur ses deux oreilles, sans mauvaise surprise au réveil.
Kevin Gertsch
Respecter la faune et la flore
Après avoir choisi l’emplacement optimal et dressé sa tente, il est indispensable de réduire au maximum son empreinte sur la nature.
Rester silencieux à l’aube et au crépuscule, deux moments où beaucoup d’animaux sont actifs.
Emballer sa nourriture durant la nuit.
En cas de besoin pressant, veiller à laisser une distance suffisamment grande par rapport aux cours d’eau afin de ne pas les contaminer. Les excréments doivent être enterrés.
Reprendre avec soi absolument tous ses déchets. En quittant la zone, celle-ci doit se trouver dans le même état qu’à l’arrivée.
Et dans son véhicule?
Peut-on dormir dans un van sur un parking dans la forêt? Cette question n’est pas réglée de manière uniforme. La réponse varie selon les cantons et les communes. Le site park4night.com liste des emplacements où le camping sauvage est autorisé partout dans le monde, y compris en Suisse. Le site pincamp.ch du TCS recense, quant à lui, les campings officiels en Europe.