Dans le langage courant, les poêles dotées d’un revêtement antiadhésif sont appelées poêles en téflon. En réalité, le téflon est le nom d’une marque et se réfère à un revêtement spécifique, le PTFE (polytétrafluoroéthylène), largement utilisé dans la fabrication des poêles. Cette substance empêche les aliments de coller à la cuisson. Elle résiste à la chaleur, à l’acidité et aux graisses. A noter que le téflon n’est plus censé contenir de PFOA, une molécule toxique qui entrait dans sa composition, mais dont l’usage est désormais interdit.
Nous avons fait analyser douze poêles à revêtement antiadhésif par un laboratoire spécialisé afin de vérifier leur efficacité. Le modèle Inox Superior Kuhn Rikon, de Coop à Table! arrive en tête. Il garantit une répartition homogène de la chaleur dans le fond de la poêle.
Notre test a été réalisé en laboratoire, mais les ustensiles de cuisine ont aussi été mis à l’épreuve en conditions réelles. On a préparé un plat comme à la maison. De ce côté-là, la meilleure poêle du test est aussi celle qui a permis de réaliser l’omelette la plus uniformément dorée.
Poignée glissante
Autre atout de l’Inox Superior Kuhn Rikon: elle conserve très bien la chaleur grâce à son fond épais. Côté maniabilité, en revanche, quelques bémols sont à relever. Sa poignée est un peu glissante et les aliments ne se répartissent pas uniformément dans la poêle, ce qui complique la manipulation de l’ustensile.
Côté robustesse, la gagnante du test, qui coûte près de 45 fr., a également obtenu de bons résultats. Son revêtement antiadhésif fait bonne figure. Mais pas autant que celui de la poêle M-Budget de Migros. Pour moins de 10 fr., celle-ci s’avère très résistante aux rayures. Elle obtient, par ailleurs, de bonnes performances en matière de répartition de la chaleur, de temps de chauffe et de maniabilité. A noter, toutefois, qu’elle n’est pas adaptée aux cuisinières à induction.
Migros semble avoir pris en compte les résultats de nos tests: il y a sept ans, la poêle M-Budget avait terminé à la dernière place. Si, en 2019, elle décrochait de justesse une bonne note générale, elle affiche désormais un très bon rapport qualité/prix.
Les poêles des fabricants Silit, Tefal et Greenpan obtiennent la même note globale que le modèle M-Budget, mais affichent des prix entre 43 et 60 fr. Ils coûtent donc quatre à six fois plus cher.
Parmi les poêles les plus chères du test, la Deluxe, de Migros Cucina & Tavola, n’obtient qu’une note «suffisant». Un résultat décevant qui s’explique entre autres par le diamètre du fond, si grand qu’une partie de la poêle s’est retrouvée hors de la plaque de cuisson. Conséquence: une mauvaise répartition de la chaleur. Ce modèle ne convient qu’aux plaques exceptionnellement grandes.
Un modèle Ikea qui brûle la main
La Hemkomst de Ikea et la poêle 28 cm de Crofton, achetée chez Aldi, occupent le fond du classement. La première a été pénalisée par une mauvaise répartition de la chaleur et une poignée en métal dont la température a grimpé à 60 degrés. Suffisamment pour se brûler la main! D’ailleurs, Ikea précise dans le mode d’emploi qu’il faut utiliser un gant de cuisine pour manipuler cette poêle.
Quant au modèle de chez Aldi, il a notamment perdu des points au test de durabilité. L’ustensile en est ressorti avec des parties entières de son revêtement arrachées. Ce qui a, bien entendu, entamé ses propriétés antiadhésives. Même en utilisant un peu d’huile, des résidus de l’œuf en omelette sont restés collés dans la poêle.
Substances toxiques au-delà de 360 degrés
Selon l’Office fédéral allemand d’évaluation des risques, une utilisation normale des poêles en téflon ne présente pas de risque pour la santé. Ce n’est qu’à environ 360 degrés que le PTFE peut se décomposer et libérer des substances toxiques dans l’air ambiant. Lorsque l’on cuit des aliments, on n’atteint généralement pas de telles températures. Un conseil toutefois: ne chauffez pas à vide une poêle dotée d’un revêtement antiadhésif.
Le fait que de petites particules se détachent d’un revêtement rayé et soient avalées en mangeant est également considéré comme sans danger par l’Office fédéral allemand d’évaluation des risques. Le corps ne digère pas les particules de PTFE et les élimine sans les modifier.
Lukas Bertschi / gc
Les critères du test
L’institut IPI de recherche sur les produits, à Stuttgart (D), a testé pour Bon à Savoir douze poêles avec revêtement antiadhésif sur les critères suivants:
1. Chaleur
Répartition. Les experts ont utilisé une caméra thermique pour mesurer à quel point la chaleur se répartit uniformément dans la poêle.
Conservation. La poêle a été chauffée à 200 degrés. Les experts ont ensuite mesuré la chaleur qui régnait encore au centre de la poêle après 10 minutes.
Temps de chauffe. Quel est le temps nécessaire pour que le centre de la poêle atteigne une température de 180 degrés?
2. Revêtement antiadhésif
Durabilité. La poêle a été chauffée cinq fois à 200 degrés, puis refroidie à l’eau du robinet à 15 degrés. Les experts ont ensuite rempli les poêles de billes d’acier et de sable. Les produits ont ainsi été agités pendant 30 minutes, avant d’être à nouveau chauffés et trempés cinq fois, puis tournés pendant 30 minutes avec des gravillons et des galets à arêtes vives. Les experts ont vérifié à plusieurs reprises si le revêtement avait été endommagé et si la couche antiadhésive remplissait encore correctement son rôle. Ils ont également mesuré si le fond de la poêle se déformait.
Résistance aux rayures. Le laboratoire a testé la résistance aux rayures des revêtements.
3. Utilisation
Test de l’omelette. Les experts ont préparé des omelettes et ont évalué si l’on obtenait un plat uniformément doré.
Manipulation. Les poêles tiennent-elles bien en main?
Risque de brûlure. A quel point la poignée de la poêle chauffe-t-elle?
Substances antiadhésives dans le collimateur
Les poêles ne peuvent plus contenir de PFOA, une substance potentiellement toxique désormais interdite. Pour les revêtements antiadhésifs, les fabricants recourent à d’autres composés de la même famille, les perfluoroalkylés, appelés les PFAS. Ils résistent à la chaleur, repoussent la graisse et l’eau, sont dotés de propriétés d’isolation électrique… et entrent donc dans la fabrication d’un très grand nombre de produits, des textiles à l’électronique. Ces «polluants éternels» s’accumulent dans l’environnement et suscitent l’inquiétude. Ils font l’objet d’une proposition d’interdiction totale. Défendu par cinq pays de l’Union européenne, le processus vient d’entrer dans une phase de consultation et pourrait aboutir d’ici 2027.