Tous en piste!» Avec ce slogan, les remontées mécaniques et les stations suisses font campagne pour attirer les skieurs en nombre. Face aux incertitudes qui règnent autour de la pandémie, elles promettent des mesures de protection, mais aussi des conditions d’annulation flexibles pour les vacances à la neige.
Mais qu’en est-il des forfaits à la saison ou à l’année, sésame des clients les plus fidèles aux pistes? «La plupart des stations ont des conditions «Covid-19» peu attrayantes», constate Jürg Stettler, directeur de l’Institut d’économie touristique à la Haute Ecole de Lucerne. A notre demande, il a accepté de passer au crible les conditions de remboursement de sept communautés tarifaires de remontées mécaniques, en Suisse romande et dans les régions voisines.
Le pass le plus avenant est le Forfait Top 4 dans l’Oberland bernois. En cas d’interruption de l’exploitation, les clients pourront récupérer leurs billes au pro rata, c’est-à-dire proportionnellement à la durée de l’arrêt. Jürg Stettler souligne que les démarches ont l’avantage d’être simples et transparentes. Seul petit bémol: un remboursement n’est possible que si les quatre domaines skiables sont contraints de fermer.
Clients en ligne pénalisés
Parmi les forfaits romands, celui des Portes du Soleil est le plus fair-play. Il prévoit, certes, de rembourser les consommateurs en espèces et au pro rata. Mais il faut que la fermeture de toutes les installations s’étendent sur une durée de quinze jours consécutifs au moins. En plus, l’opération n’est pas gratuite, puisque des frais correspondant au prix d’un forfait journalier sont prélevés. Bon point: un remboursement est aussi possible «pour toute raison liée à l’épidémie de Covid-19», comme une mise en quarantaine après un séjour dans la région. Dommage que cette dernière clause ne soit valable que jusqu’au 11 décembre.
Quant aux 4-Vallées, elles accordent également un remboursement à condition que l’arrêt des remontées mécaniques dépassent vingt jours. Les dédommagements se font en espèces, mais les montants sont modestes: 200 fr. pour une interruption entre 21 et 50 jours, puis 400 fr. (entre 51 et 80 jours), 800 fr. (entre 81 et 110 jours) et 1050 fr. au-delà de 110 jours de fermeture. Mais attention, tous les consommateurs ne sont pas logés à la même enseigne: celles et ceux qui achètent leur forfait sur internet devront faire une demande spéciale – et sans garantie – s’ils entendent récupérer leur argent en liquide. Car, par défaut, le montant en question leur sera ristourné sous la forme d’un crédit.
Magic Pass plutôt pingre
Avec ses trente-cinq domaines skiables, le Magic Pass est incontestablement le forfait le plus populaire en Suisse romande. Or, ses adeptes sont mal lotis si la pandémie actuelle venait jouer les trouble-fêtes. D’abord, l’usager doit avoir utilisé son forfait (été comme hiver) moins de 15 jours pour espérer quelque chose. Ensuite, aucun geste n’est accordé si la fermeture de toutes les installations est inférieure à 20 jours durant la saison d’hiver. Après, le dédommagement pour un abonnement adulte se monte à 60 fr. (21 à 45 jours d’arrêt), puis à 120 fr. (46 à 90 jours) pour plafonner à 180 fr. (plus de 90 jours). Et, inutile de s’attendre à récupérer directement son argent, puisque le montant est crédité sur l’achat d’un prochain forfait.
Si la grande majorité des stations romandes font partie du Magic Pass, deux géants du tourisme valaisan font cavaliers seuls. Crans-Montana, qui a quitté le Magic Pass, la saison dernière, est particulièrement avare: pour ses abonnements à l’année, aucune disposition n’est prévue en cas de fermeture des installations.
Zermatt est un chouïa plus fair-play: le forfait est remboursé sous la forme d’un crédit, à condition que l’abonnement n’ait pas été utilisé du tout. Petite consolation: le remboursement n’est pas uniquement lié à l’arrêt des installations. Si le client attrape le coronavirus, il pourra aussi être dédommagé.
Pour terminer notre tour d’horizon, notons que le Schneepass de la Suisse centrale prévoit une ristourne au pro rata. C’est nettement mieux que la majorité des autres forfaits, même si Jürg Stettler estime que le remboursement sous la forme d’un crédit reste très discutable.
Daniel Mennig / Sandra Porchet