C’est le détail qui fait souvent basculer le consommateur. Le presque rien au bas de l’action sur un produit. «Plus que 4 en stock!» écrit en italique, en gras et en couleur à l’écran. Quelques mots rassemblés en un ultime argument pour convaincre les indécis de délier les cordons de leur bourse. Un «ne manquez pas cette occasion unique!» qui réveille de vieux instincts de conservation et l’anxiété de se faire chiper son dû. Si vous n’achetez pas ce produit à succès, d’autres en profiteront à votre place…
Très souvent, c’est du bluff. «Plus que 3 en stock!» En réalité, aucun algorithme ou outil numérique ne calcule combien d’articles dorment dans l’arrière-salle du commerçant. Plutôt facile de s’en rendre compte: en général, le nombre de produits restants dégringole rapidement avant de se figer proche du zéro des jours durant. Dès lors, bien des commerces s’excusent de ne plus pouvoir honorer les commandes trop nombreuses. Enfin, si! Mais à condition de payer plein pot parce qu’il n’y a plus d’articles en action ou de patienter plusieurs semaines avant l’arrivée de la marchandise…
La situation peut être handicapante s’il s’agit d’un objet attendu comme le messie. Tel ce smartphone que l’on promettait sous trois jours ouvrables, mais reçu après trois semaines, malgré des échanges répétés avec le Service clientèle du distributeur. «Plus que 2 en stock!» D’autres lecteurs de Bon à Savoir ont attendu plusieurs mois une imprimante, un téléviseur, un matelas... A leurs récriminations, on répond volontiers que le fournisseur n’arrive pas à suivre. Ou qu’il y a un bug sur le site: le prétendu compteur serait resté bloqué à 4, la page se serait magistralement plantée…
«Plus que 1 en stock!» Si l’on veut commander, il vaut mieux couvrir ses arrières. Ne pas payer par carte, mais par facture dès réception de la marchandise. Et en cas de retard de livraison, écrire au commerçant en lui imposant un nouveau délai, par exemple 10 jours au-delà desquels on pourra résilier l’achat et exiger un remboursement. A se demander si le plus simple et le plus intelligent n’est pas d’éviter de céder aux sirènes du shopping en ligne... Et de considérer ces fameux stocks comme déjà vides, voire vides depuis toujours.
Gilles D’Andrès