Restez à l’ombre! C’est le conseil n°1 des médecins, à l’attention des adultes comme des enfants. En été, entre 11 heures et 15 heures, éviter de s’exposer est la meilleure chose à faire. Un coup de soleil est très vite attrapé (en 10 minutes quand on a la peau claire). Or, les lésions causées par les UV sont à l’origine de la majorité des cancers de la peau.
Voilà pour les recommandations. Dans la réalité, il arrive qu’on laisse sa progéniture profiter du grand air en plein soleil. Mieux vaut opter pour des vêtements (en tissu opaque ou avec un indice UV), car ils offrent une meilleure protection que de la crème solaire. Celle-ci pourrait alors servir à protéger les quelques zones non couvertes (visage, nuque, mains, etc.).
Les cosmétiques solaires sont un moindre mal. Ils protègent moins bien que l’ombre ou les vêtements et contiennent de nombreuses substances chimiques. Mais ils protègent tout de même. Raison pour laquelle, leur usage fait partie des messages de prévention, sauf pour les bébés (lire encadré).
Faut-il pour autant choisir une crème destinée aux enfants, puisque les fabricants en proposent? Ces protections affichent souvent un indice élevé (SFP 50). Pour Manuel Martinez, médecin-chef en pédiatrie à l’Hôpital Riviera-Chablais, un indice à partir de 30 convient, pour autant que le produit soit bien utilisé: en bonne quantité, une demi-heure avant l’exposition, en renouvelant l’application toutes les deux heures ou après chaque baignade.
Parfums Allergisants
Côté contenu, certaines formules «enfants» évitent les substances allergisantes, comme des parfums. Mais c’est aussi le cas de plus en plus de crèmes pour adultes. De la même manière, on y trouve des filtres UV chimiques ou minéraux, parfois un mélange des deux.
Les filtres chimiques absorbent le rayonnement, mais pénètrent dans le corps. Certains sont suspectés d’avoir un effet perturbateur endocrinien, comme l’octocrylène ou l’homosalate. Leur présence est néanmoins autorisée par l’Ordonnance sur les produits cosmétiques. Pour l’Office fédéral de la santé publique, «en l’état actuel des connaissances, on estime que les quantités absorbées par l’être humain sont si infimes qu’une mise en danger est improbable».
Responsable de l’unité d’onco-dermatologie au CHUV, Olivier Gaide ne disqualifie pas les crèmes solaires: «Il s’agit d’une pesée d’intérêts entre, d’un côté, le bénéfice réel d’une protection contre les coups de soleil et le risque de cancer de la peau et, de l’autre, un danger supposé lié à certaines substances. Mais le mieux reste de ne pas s’exposer quand le rayonnement est le plus intense.»
Filtres minéraux moins efficaces
A côté des filtres UV chimiques, les filtres minéraux (oxyde de zinc et dioxyde de titane) sont recommandés par certains médecins pour les enfants, car ils ne sont pas allergisants et ne sont pas censés pénétrer dans le corps. Ils réfléchissent les UV.
Prudence toutefois: les filtres minéraux protègent moins bien que les filtres chimiques, affirme Céline Couteau, maîtresse de conférence en cosmétologie à l’Université de Nantes. «Nous réalisons des tests depuis des années: les produits conventionnels sont systématiquement plus efficaces.» Parmi les protections minérales, celles qui laissent une trace blanche sont perçues par les consommateurs comme plus efficaces, alors qu’elles protègent moins bien que les crèmes minérales transparentes, dotées de nanoparticules («nano»). A éviter sous forme de spray, à cause d’un risque d’inhalation.
Conseil: aux parents, la cosmétologue recommande d’opter pour un seul produit, «famille» ou «enfants», que tout le monde pourra utiliser en cas de besoin.
Geneviève Comby
Ne jamais exposer un bébé au soleil!
Certains fabricants proposent des protections solaires adaptées aux bébés, parfois assorties de mentions surprenantes du type «bébés sortis de néonatalogie». Or, le mot d’ordre des pédiatres est clair: pas d’exposition directe au soleil avant l’âge de 2 ans. Et pas de crème sur le corps avant 6 mois.
«La peau des bébés est complètement immature à la naissance, elle est très fine, précise le Dr Manuel Martinez. Peu de produits sont validés pour des enfants de moins de 6 mois. Quant à une exposition au soleil, elle présente un risque très élevé chez les tout petits: de brûlure, mais aussi de déshydratation rapide, car leur peau retient moins l’eau.»