En Suisse, un vélo neuf sur quatre est désormais équipé d’un moteur qui amplifie la force des mollets. Les fabricants ont flairé l’aubaine et une ribambelle de modèles se bousculent dans les commerces spécialisés et les grandes surfaces, sans parler des ventes en ligne. Inventaire des critères à observer pour ne pas être déçu de son achat.
Vélo ou moto
On distingue deux types de e-bikes: ceux qui sont bridés pour ne pas dépasser 25 km/h et ceux qui roulent jusqu’à 45 km/h. Si les règles de la circulation sont quasiment les mêmes, les conditions pour prendre la route sont différentes.
Sur les 70% des deux-roues vendus, l’assistance cesse à partir de 25 km/h. Pas besoin de permis pour ces modèles assimilés aux vélos. Le port du casque est en outre facultatif. Cette catégorie regroupe aussi bien l’entrée de gamme que les cycles griffés; elle suffit à la plupart des cyclistes, car il est rare de dépasser cette vitesse au quotidien.
Les 30% restants peuvent accélérer jusqu’à 45 km/h et sont considérés comme des vélomoteurs: il faut ainsi couper le moteur sur les voies interdites à ces derniers. Permis de conduire et casque sont de rigueur sur ces modèles dont le prix démarre à 4000 fr. «Ces versions sont idéales pour les pendulaires qui parcourent chaque jour plus de 20 km et les grands voyageurs qui avalent des kilomètres», relève David Regard, responsable d’Easycycle à Lausanne. Avec un bémol toutefois: dans les pays limitrophes, ils sont assimilés aux motos, avec des conséquences sur le genre de casque imposé et le permis de
conduire.
Du vent dans les voiles
Le moteur se situe généralement dans le pédalier, c’est là qu’il est le plus performant. On le trouve encore, mais rarement, sur la roue arrière. Sur les modèles bas de gamme, l’assistance s’enclenche au premier coup de pédale, ce qui consomme beaucoup d’énergie. Les moteurs performants sont équipés de capteurs qui dispensent une assistance proportionnelle à la force du cycliste. Elle peut aussi être dosée selon le niveau choisi.
La plupart des moteurs affichent une puissance de 250 W au moins. L’élément déterminant est toutefois le couple, qui s’exprime en newton-mètres (Nm), un chiffre qui varie entre 50 Nm et 80 Nm. Plus il est élevé, plus la force sera élevée pour démarrer. A Lausanne, 60 Nm s’imposent pour un démarrage en côte confortable. Compter 70 Nm, soit l’équivalent de la force cumulée de trois cyclistes, pour un VTT. A noter que, dans les grandes surfaces, cette indication ne figure pas toujours sur l’étiquette: il faut alors consulter le site du fabricant.
Aux petits soins
Une bonne batterie peut durer cinq ans. Pour en prendre soin, on évitera de la laisser sur le vélo garé en plein soleil ou au gel en hiver. Et, si on n’utilise pas sa bécane pendant plusieurs semaines, on retirera l’accumulateur chargé à 70%. Il faut compter entre 700 fr. 1000 fr. pour remplacer cet accessoire.
La fréquence des services sur les freins et les pièces de la transmission (pédalier, chaîne et pignons) varie selon la sollicitation de l’assistance électrique et la manière de rouler: il est ainsi préférable d’utiliser aussi les petites vitesses pour ménager sa monture.
A Lausanne, il faudra remplacer les pièces après 1000 km, alors qu’elles pourront rouler jusqu’à 2500 km à Genève. Compter entre 200 fr. et 400 fr. pour un service. «Quant au moteur, on ne dispose pas encore du recul nécessaire pour fixer une espérance de vie», estime David Regard.
Un réservoir d’énergie
La batterie peut être comparée à un réservoir d’énergie qui alimente le moteur. Une batterie pèse entre 2 et 3 kg, selon son autonomie, qui dépend de sa capacité. Elle se chiffre en watts/heure et la plupart des modèles sur le marché affichent entre 500 et 600 Wh. Cette capacité est parfois indiquée avec les unités signalant la quantité de courant qu’elle peut fournir au fil du temps (ampères-heure, Ah) et celles de la tension (volts, V): il faut les multiplier pour obtenir des Wh. Par exemple: 13 Ah et 36 V totalisent 468 W.
On gardera à l’esprit que l’autonomie affichée sur le catalogue ne correspond jamais à la réalité, car plusieurs facteurs interviennent: le relief, le niveau d’assistance choisie, la vitesse engagée, mais aussi le vent, la pression des pneus, le poids du cycliste et des bagages… A Lausanne, il faudra ainsi la rebrancher après 25 km, alors que le même vélo pourra rouler sans problème 70 km à plat.
Essayer, comparer
Pour bien choisir sa monture, il faut toujours l’essayer: il est déconseillé de faire ses emplettes en ligne. Ce principe s’applique aussi aux deux-roues électriques, car chaque moteur réagit différemment. On roulera si possible sur un parcours accidenté pour tester l’assistance électrique à la montée. Il sera en outre plus facile d’obtenir des pièces de rechange et un service après-vente sur la durée dans une enseigne ayant pignon sur rue.
On réfléchira bien à l’usage projeté: le vélo restera-t-il au garage pendant la semaine ou ira-t-on travailler en pédalant? Quelle sera la distance parcourue, et sur quels revêtements? Va-t-on transporter des enfants ou des marchandises ou seulement un laptop? Les e-bikes sont lourds: mieux vaut y penser avant de devoir le porter au 2e étage ou l’embarquer dans le train chaque jour.
Côté accessoires, il est conseillé de porter des gants et un casque homologué pour amortir les chutes. Attention: l’homologation usuelle EN 1078 porte sur des tests réalisés à des vitesses inférieures à 20 km/h (lire «Des casques qui n’aiment pas la vitesse»). Les Pays-Bas ont donc conçu une nouvelle norme (NTA 8776) spécialement conçue pour les vélos électriques rapides.
Parer aux risques
Les engins dont la vitesse est limitée à 25 km/h sont considérés comme des bicyclettes et, à ce titre, ils sont couverts par l’assurance ménage. En cas de vol simple, ils seront remboursés selon les conditions générales du contrat: si le montant assuré est inférieur au prix du vélo, il est conseillé de contracter une police pour objets de valeur. Les dégâts causés à autrui sont en principe couverts par la police RC ménage.
Pour les modèles plus rapides, la RC est comprise dans le prix de la plaque. On vérifiera aussi les conditions de l’assurance vol, car certaines compagnies exigent, dans ce cas, de conclure une police spécifique.
Claire Houriet Rime