Le vol de vélos est un fléau en Suisse. Plus de 36 000 bicyclettes ont disparu en 2021, dont 9000 modèles électriques. «Les voleurs repèrent des vélos dans les rues, observent ceux qui sont le moins bien protégés et coupent les cadenas au moyen d’une pince monseigneur», explique Aline Dard, chargée de communication en prévention à la Police cantonale genevoise. Pour réduire le risque, il faut commencer par utiliser un antivol solide.
Gros écarts entre les cadenas
Aucun cadenas n’est inviolable, comme l’a rappelé notre test réalisé en 2019 (lire «Il en faut plus pour dissuader les voleurs»). Pas un seul des dix modèles achetés n’a, résisté à la meuleuse d’angle sans fil. Heureusement, cet outil redoutable, mais bruyant, est peu utilisé dans la rue. Les autres attaques, menées avec une pince, un spray cryogène suivi d’un coup de marteau ou par crochetage manuel, font apparaître des différences considérables. Certains antivols, qui paraissent solides, ont été forcés en une poignée de secondes, tandis que d’autres n’ont pas cédé. Fait notable: les experts ont ouvert les quatre cadenas à codes par la seule habileté de leurs doigts et dans des laps de temps très courts.
Parmi les meilleurs antivols:
- L’Abus Bordo Alarm 6000A (90 cm), vainqueur de notre test («bon»). Ce modèle à tiges pliables en acier, muni d’une alarme, est facile à fixer et à transporter, mais cher (dès 125 fr.).
- La chaîne Elops 900 L, vendue 50 fr. par Decathlon est arrivée deuxième («bon»). La version en forme de U, l’Elops U 920, a pris la deuxième place d’un test récent de l’émission A bon entendeur (RTS). Elle est compacte, légère et encore moins chère (45 fr.).
- Le Kryptolock 995, Série 2995, de Kryptonite. Cette grosse chaîne est solide, abordable (dès 50 fr. sur Internet) mais très lourde (2,5 kg). C’est le meilleur antivol testé par A bon entendeur.
- Pour d’autres modèles, on peut consulter le sitefub.fr de la Fédération française des usagers de la bicyclette qui permet de connaître la solidité de plus de 450 antivols.
L’essentiel arrimage
Certains voleurs embarquent les vélos cadenassés et les forcent ultérieurement. Il est donc essentiel d’arrimer son cycle par le cadre à une infrastructure fixe, bien ancrée dans le sol, comme un poteau, une clôture ou un arceau, y compris lors d’arrêts de courte durée. «Nous recommandons d’attacher les roues si le système d’accroche sur l’axe n’est pas sécurisé, précise Aline Dard. Les magasins spécialisés proposent des vis antivol, autant pour les roues que la selle.» Sans cette sécurité, la police va jusqu’à conseiller d’utiliser deux bons cadenas différents pour arrimer à l’infrastructure fixe, d’une part, le cadre et la roue avant et, d’autre part, le cadre et la roue arrière.
Dans des vélostations
Parmi les principales autres mesures efficaces, la Prévention suisse de la criminalité (PSC) et Pro Vélo recommandent de parquer, si possible, sa bicyclette dans un lieu clos ou surveillé. On la garera ainsi dans le local à vélo de son immeuble plutôt qu’à l’extérieur, pour autant que le bâtiment en possède un, qu’il soit accessible et sûr.
En déplacement, on peut déposer son cycle dans une vélostation (velostation.ch). Ces endroits abrités et sécurisés sont, pour l’heure, disponibles dans une cinquantaine de villes suisses, dont une douzaine romandes. Une journée coûte 1 à 2 fr. et l’abonnement annuel pour une station varie de 100 fr. à 150 fr. (200 fr. en multiparking à Genève). Ces espaces sont surveillés par des employés, des caméras et/ou par un contrôle des accès.
Et les traceurs GPS?
Ces dispositifs sont censés déclencher une alarme lorsque le vélo est déplacé et le géolocaliser en temps réel.
La Police cantonale genevoise voit ce dispositif plutôt d’un bon œil, mais elle souligne aussi ses limites: «Il faut qu’il soit placé discrètement à l’intérieur du cadre. S’il est visible, on peut facilement l’enlever, souligne Aline Dard. Il est difficile de localiser les vélos d’une façon précise lorsqu’ils sont stockés dans des caves, des garages ou des appartements de barres d’immeubles.»
Un test réalisé par notre partenaire K-Tipp a montré qu’aucun des traceurs ne parvenait à déterminer l’emplacement précis d’un vélo volé dans un bâtiment.
Surtout, contrairement aux promesses des fabricants, la plupart des modèles testés se sont avérés peu fiables. Deux des huit appareils achetés, dont un, à cacher dans le cadre, de la marque connue Invoxia, n’ont tout simplement pas fonctionné après leur installation. La fixation de l’autre modèle Invoxia testé, déguisé en catadioptre, s’est en partie cassée lors du montage, alors qu’il a coûté près de 200 fr. De plus, la localisation ne s’actualisait que toutes les 20 à 30 minutes, laissant aux voleurs le temps de déguerpir.
Réservé aux e-bike, et s’installant dans leur moteur, le traceur It’s my bike a localisé le cycle de manière précise. Mais à deux reprises, il n’a signalé le vol qu’après des heures, indiquant à tort que le vélo se trouvait toujours au même endroit. En outre, son prix est élevé (289 fr.).
- Le traceur GPS Zeerkeer TK 906 a obtenu les meilleurs résultats. Il a généralement indiqué les emplacements corrects et donné l’alerte dès que le vélo était déplacé. Il est bon marché (40 fr.) mais exige une carte SIM (15 fr.). Avec un tarif de données très avantageux, il a tout de même consommé 10 fr. de données pendant les deux semaines de test, soit la coquette somme d’environ 250 fr. par an. Et sa mise en service a été compliquée.
Intervention de la police
Les traceurs pouvant donc être imprécis, fragiles, coûteux, sans oublier leur autonomie souvent limitée, la prévention constitue la meilleure protection. Les polices genevoises, vaudoises et neuchâteloises nous ont affirmé qu’elles interviendront si un vélo, dont le vol a fait l’objet d’une plainte, était géolocalisé précisément par son propriétaire. Du moins, en principe. A Genève, on relève qu’«une telle intervention restera dépendante des patrouilles disponibles et des autres opérations en cours, car la priorité ira évidemment à des cas plus graves, comme des agressions ou des accidents de la route».
Sébastien Sautebin
Que faire en cas de vol
Il est recommandé de déposer une plainte auprès de la police. Elle vous demandera le numéro de cadre, la couleur, la marque et le modèle de votre vélo ainsi que tout élément permettant de l’identifier. Dans certains cantons, on peut déposer sa plainte en ligne. La Prévention suisse de la criminalité recommande d’enregistrer le cycle auprès d’un prestataire de services, tel que velofinder.ch (vignette 9 fr.).
Du côté des assurances, il faut savoir que la plupart des compagnies conditionnent le versement d’indemnités au dépôt d’une plainte. Vérifier aussi ce qui est couvert: l’assurance-ménage ne prend le plus souvent en charge que le vol de vélo à domicile. Il faut donc conclure un module supplémentaire «vol simple à l’extérieur» pour être couvert ailleurs. Les conditions générales (CGA) n’incluent généralement pas les modèles électriques rapides. Attention encore, la somme assurée est souvent de 2000 fr. avec une franchise de 200 fr. Si votre cycle vaut plus, le TCS conseille de souscrire une couverture vélo spécifique.