L’arrêt des règles autour de la cinquantaine est souvent vécu par les femmes comme stigmatisant. Même s’il représente aussi, pour certaines, une libération. Il faut dire que la ménopause traîne une image négative, réduite à une litanie de symptômes rédhibitoires.
Si toutes les femmes ne sont pas condamnées à traverser le même cortège de contrariétés, la plupart appréhendent cette étape. «Un grand nombre se dit qu’à un moment de leur vie surviendra cette horrible chose qui va leur donner des bouffées de chaleur», résume Marion Ombelli, gynécologue au Centre médical Nerys, de Neuchâtel. Selon la spécialiste, beaucoup de croyances subsistent dans l’esprit des gens. Pour vivre au mieux cette inéluctable transition physiologique, il faut commencer par comprendre ce qui se passe dans le corps d’une femme confrontée à ce qui n’est rien d’autre qu’un long processus de vieillissement. Au même titre que le blanchissement des cheveux ou la perte musculaire.
Elle ne tombe pas du ciel
A la puberté, les ovaires de chaque femme renferment une réserve d’environ 400 000 ovocytes, les cellules sexuelles. Avec l’arrivée des cycles menstruels, l’ovulation libère régulièrement des ovocytes pouvant être fécondés. Le stock se réduit ainsi jusqu’à s’épuiser. C’est alors le temps de la ménopause, que l’on définit comme une absence de règles d’au moins un an. Cet arrêt des menstruations s’accompagne d’une chute de la production des hormones sexuelles, les œstrogènes et la progestérone.
Pour autant, la ménopause ne tombe pas du ciel. Avec l’arrivée de la quarantaine, le cycle menstruel commence à montrer des faiblesses. D’abord dans sa deuxième phase – celle qui suit l’ovulation – avec, à la clé, une perturbation de la sécrétion de progestérone. Autrement dit, un déséquilibre en faveur des œstrogènes. L’ovulation aussi péclote parfois, avec des cycles sans ovulation. Tout cela peut donner lieu à différents types de désagréments (lire plus bas). Voire parfois déjà à des bouffées de chaleur. De quoi alarmer certaines femmes qui «imaginent que la ménopause est déjà là», relève Marion Ombelli.
A l’inverse, pour celles qui portent un stérilet hormonal ou prennent la pilule, les premiers symptômes passeront plutôt inaperçus. «Il arrive que des femmes soient très étonnées quand je leur dis que, oui, vers 45 ans, elles sont en préménopause», constate la gynécologue.
Café, stress et alcool l’amplifient
La ménopause, quant à elle, survient au tournant de la cinquantaine. Bouffées de chaleur et accès de sueur en sont les deux symptômes les plus courants. Il faut toutefois noter que ces fameuses bouffées de chaleur ne sont pas toutes causées par la chute de production d’œstrogènes, typique de la ménopause. Le stress ou les troubles de la thyroïde peuvent en être à l’origine. Le café et l’alcool sont, eux aussi, des déclencheurs, voire des amplificateurs de ces montées en température.
Au moment de la ménopause, les symptômes ressentis, leur intensité et leur durée varient énormément d’une femme à l’autre. Troubles du sommeil et sécheresse vaginale font aussi partie des plaintes récurrentes. La proportion des femmes qui fera les frais de l’une ou l’autre, voire de plusieurs de ces contrariétés est difficile à chiffrer avec précision, prévient Marion Ombellli. On estime qu’un tiers des femmes passeront au travers de la ménopause avec très peu de symptômes, un tiers avec des symptômes supportables et un dernier tiers avec plus de difficultés.
La substitution des hormones
Les solutions pour atténuer les effets de la ménopause diffèrent selon les personnes et doivent être abordées individuellement. Sur un plan médical, le traitement hormonal de substitution permet de remplacer les hormones que le corps arrête de produire. «Il s’agit d’estradiol, un œstrogène, précise Marion Ombelli. Celui-ci est combiné avec de la progestérone ou un dérivé de synthèse de la progestérone, afin de ne pas stimuler la muqueuse utérine et risquer de provoquer un cancer de l’endomètre.»
Cette substitution est destinée à traiter les symptômes de la ménopause, non pas ceux de la préménopause. Elle est indiquée spécifiquement contre les bouffées de chaleur et les problèmes uro-génitaux (sécheresse vaginale). Dans ce dernier cas, le traitement prend la forme d’une crème ou d’un ovule à utiliser localement. Contre les bouffées de chaleur, l’hormonothérapie de substitution se présente sous d’autres formes (gel, comprimés, patch). Elle peut être diversement dosée.
La substitution hormonale ne convient pas à toutes les femmes. Des effets secondaires peuvent survenir: douleurs aux seins, dans les jambes, maux de tête. Par ailleurs, certaines études associent la prise de ces hormones à un risque plus élevé de thromboses, d’infarctus ou de cancer du sein. L’augmentation du risque n’est cependant pas la même selon le type de substitution, la dose ou le mode d’administration. Il est donc important d’en parler avec son médecin. Les recommandations actuelles privilégient une fenêtre entre 50 et 60 ans. Durant cette période, selon le profil, l’histoire de la femme, le bénéfice peut être plus grand que le risque. Le traitement doit être réévalué tous les cinq ans.
Les plantes qui font du bien
A la substitution hormonale, de plus en plus de femmes préfèrent les alternatives «naturelles», à base de plantes (voir plus bas). Certaines recherches leur prêtent des bienfaits, bien que des études solides manquent encore pour valider scientifiquement ces effets. Même s’il s’agit de phytothérapie, il est judicieux de se faire conseiller. «Prendre une plante dont l’effet s’apparente à des œstrogènes en préménopause, si l’on a des signes de dominance d’œstrogènes (comme des symptômes prémenstruels), serait une aberration», prévient Marion Ombelli.
Des plantes, d’accord, mais sous quelle forme? Les tisanes peuvent apaiser. En revanche, il faudra en boire beaucoup. Les concentrations seront plus fortes sous forme d’extraits, qu’il s’agisse de gélules, de teinture mère, de compléments alimentaires ou d’huiles essentielles.
Parmi les alternatives à la substitution hormonale, l’acupuncture et l’hypnose peuvent être recommandées, selon l’avis d’experts sur le traitement non hormonal des bouffées de chaleur liées à la ménopause, publié par la Société suisse de gynécologie.
Attention toutefois, prévient Marion Ombelli: «Il n’existe pas de remède miracle, pas de traitement qui va marcher sur toutes les femmes.» Et de rappeler qu’un régime alimentaire équilibré, un peu d’exercice, bref, une bonne hygiène de vie, constituent déjà une première arme contre les effets de la ménopause.
Préménopause
De quoi parle-t-on?
Durant les années qui précèdent la ménopause, la sécrétion des hormones sexuelles – d’abord la progestérone, puis les œstrogènes – commence à diminuer. Le cycle menstruel et les ovulations deviennent irréguliers.
A quel âge?
A partir de la quarantaine, soit quelques années avant la ménopause.
Les symptômes
Le cycle menstruel commence à montrer des faiblesses. La sécrétion de progestérone, puis d’œstrogènes est perturbée. Il arrique que certains mois se passent sans ovulation. Des femmes décrivent des symptômes prémenstruels qu’elles ont connus à l’adolescence. Les signes peuvent passer inaperçus chez les femmes sous contraception hormonale.
Les plantes qui soulagent
Le gattilier, la racine d’igname, l’alchémille, l’achillée
Par leur action qui ressemble à celle de la progestérone, ces plantes peuvent jouer un rôle de régulateur hormonal.
A prendre sous forme de gélules, compléments alimentaires, d’huiles essentielles, de teinture mère, voire de tisane.
Ménopause
De quoi parle-t-on?
La ménopause marque l’arrêt définitif des règles. Elle traduit la fin de l’activité des ovaires et correspond à une chute de la production d’œstrogènes et de progestérone. Médicalement, elle intervient après une année sans règles.
A quel âge?
L’âge moyen de la ménopause se situe autour de 51-52 ans, mais il varie passablement d’une femme à l’autre. Il relève en partie de la génétique.
Les symptômes
Les deux symptômes les plus fréquents associés à la ménopause sont les bouffées de chaleur et les accès de sueur. Ils sont liés à la chute de production d’œstrogènes.
On estime qu’un tiers des femmes passeront au travers de la ménopause avec très peu de symptômes, un tiers avec des symptômes supportables et un dernier tiers avec plus de difficultés.
Les plantes qui soulagent
L’actée à grappe noire contre les bouffées de chaleur, les accès de sueur, les palpitations, les troubles du sommeil.
Le trèfle rouge et le soja contre les bouffées de chaleur. Ils contiennent des isoflavones, ou phyto-œstrogènes.
L’alchémille agit comme un régulateur hormonal.
La sauge peut atténuer les épisodes de transpiration.
La grenade sous forme de crème ou d’ovule à usage local contre la sécheresse vaginale.
La bourrache et l’onagre utilisées sous forme d’huile alimentaire peuvent avoir un effet bénéfique sur le système hormonal en général.
A prendre sous forme de gélules, compléments alimentaires, d’huiles essentielles, de teinture mère ou de tisane.
Geneviève Comby
Remboursé, pas remboursé?
La ménopause n’est pas une maladie. Il n’empêche, certains traitements sont pris en charge par l’assurance de base, sous réserve de la franchise de l’assurée. En font partie différentes formes de substitution hormonale en patch ou en comprimés, de même que des hormones bio-identiques, telles que l’œstrogel (17 beta-estradiol) et l’utrogestan (progestérone naturelle), confirme le Dr Thomas Eggimann, secrétaire général de la Société suisse de gynécologie.
Ne sont pas pris en charge, en revanche, les produits qui ne se trouvent pas sur la liste des spécialités (la liste des médicaments remboursés par l’assurance obligatoire), comme des crèmes à la progestérone, ajoute le médecin.
«Pour ce qui est de la ménopause, de nombreux produits ne figurent pas sur la liste des spécialités. Parmi eux, un certain nombre sont considérés comme étant des produits lifestyle», relève pour sa part Isabelle Tasset, porte-parole de la CSS Assurance. En matière de médecine alternative, les caisses entrent en matière en ce qui concerne l’acupuncture, la médecine anthroposophique, la médecine traditionnelle chinoise, l’homéopathie, la phytothérapie, «si le médecin a suivi une formation spécifique à ces méthodes médicales et si cette formation est reconnue pour cette méthode par la FMH», précise encore Isabelle Tasset (lire aussi notre dossier «Médecines complémentaires – Comment ça marche, qui rembourse?»).
Difficile pour la patiente lambda d’y voir clair. A l’image de cette lectrice de Bon à Savoir qui s’était vu prescrire par sa gynécologue une crème de progestérone naturelle bio-identique sous forme de préparation magistrale, avant d’essuyer un refus de remboursement par sa caisse maladie. Motif: les critères de validité scientifiques et de sécurité, détaillés à l’art. 32 de la LAMal n’étaient pas remplis. Autrement dit, l’efficacité du produit souffrait d’un manque de preuve scientifique.
Un conseil pour éviter les mauvaises surprises: renseignez-vous systématiquement sur les possibilités de remboursement auprès de votre gynécologue ou de votre assurance pour les détentrices de complémentaires.
Témoignages
Eleonore, 46 ans
«Ce qui m’a interpellée, c’est l’apparition de symptômes prémenstruels inhabituels avec des seins douloureux. Je me suis renseignée sur la ménopause. Mais, surtout, je me suis souvenue d’une collègue qui m’en avait parlé. Elle prenait des huiles essentielles et ça se passait très bien. Je suis allée voir une naturopathe pour la première fois de ma vie. Je n’y croyais pas vraiment, mais j’ai commencé à prendre 10 à 15 gouttes de verveine, d’orange, de romarin et de gattilier diluées dans de l’eau dix jours avant mon cycle. En deux mois les symptômes ont disparu. Je prends aussi de l’eau florale à la fleur d’oranger pour ses vertus calmantes. Ma pharmacienne m’a dit que j’avais de la chance, car ça ne marche pas aussi bien sur tout le monde.»
Jeanne, 53 ans
«Je n’ai pas vraiment vu arriver la ménopause. Je portais un stérilet à hormones, donc je n’ai pas pu me fier aux changements dans mon cycle. En revanche, j’ai eu les fameuses bouffées de chaleur! C’est arrivé vers l’âge de 48 ans et ça a duré environ six mois de manière assez régulière. C’est désagréable sur le moment, on aimerait pouvoir enlever sa peau. Ensuite, elles ont commencé à s’estomper. Je ne le vis pas comme quelque chose de très handicapant. La ménopause? Je ne m’en soucie pas plus que ça. Je n’aimerais simplement pas trop pâtir de ses effets, prendre du poids notamment. Si ça devait être le cas, je prendrais certainement des hormones.»