Si les Suisses restent attachés aux espèces sonnantes et trébuchantes, ils ne boudent pas pour autant la carte de crédit. Il faut admettre que c’est un instrument de paiement commode, notamment pour régler ses achats en ligne. Mais, d’une carte à l’autre, les conditions peuvent sensiblement varier, avec des frais qui ont pris l’ascenseur au fil des ans. Notre enquête montre que des produits novateurs posent de nouveaux jalons.
Un marché en pleine émulation
Lors du dernier comparatif réalisé en 2016, la Migros Cumulus et la Coop Supercard Plus dominaient le classement des cartes de crédit standard. Non seulement gratuites, elles ponctionnaient des frais plus raisonnables que la plupart de leurs concurrentes. Quatre ans plus tard, les deux cartes des géants orange – récemment rejointes par la Manor World Mastercard (lire: "De la carte de fidélité à la Mastercard") – conservent leurs caractéristiques, mais d’autres produits sont venus bousculer le marché.
Le vent nouveau vient d’abord des Mastercard Flex proposées par les banques cantonales de Fribourg (BCF), du Valais (BCVs), de Neuchâtel (BCN) et du Jura (BCJ). Ces deux dernières ont d’ailleurs remplacé leurs Visa/Mastercard standard par la nouvelle venue (voir tableau). Ses atouts? Elle réunit les fonctions de débit et de crédit sur une même carte. L’utilisateur peut ainsi choisir le mode débit ou crédit lors de chaque opération (retrait, paiement, etc.).
Cette flexibilité n’est pas inutile. Lors de retraits d’argent à un distributeur, par exemple, elle permet de réduire les frais en sélectionnant la fonction débit. Autre avantage: pouvoir faire ses achats en ligne avec la fonction débit. Cette possibilité – qui n’est pas disponible avec une Maestro standard – réduit là aussi les frais (forfait de 1.50 fr.) pour des commandes coûteuses passées sur des sites étrangers. On peut donc dire que la Mastercard Flex est astucieuse sans être révolutionnaire. D’autant plus que sa taxe annuelle n’est pas donnée (dès 100 fr.).
Les néobanques à l’abordage
L’esprit avant-gardiste souffle davantage du côté des néobanques qui fleurissent depuis quelques années. Ces banques digitales ont une approche novatrice qui séduit de plus en plus de consommateurs. L’ouverture d’un compte se fait en quelques minutes sur un smartphone et les opérations sont faciles à passer. Cerise sur le gâteau, les frais de gestion sont très bas, voire gratuits.
Pas de taxe annuelle non plus pour obtenir une carte de crédit basique avec les trois sociétés retenues dans notre comparatif. Revolut se contente de facturer 4.99 fr. pour l’envoi de sa Visa et Neon réclame 10 fr. Mais, là où les néobanques font très fort, c’est pour les transactions passées hors des frontières. Que ce soit pour des achats en Europe ou des commandes sur un site étranger, elles ne prennent aucuns frais, contrairement aux cartes de crédit classiques (entre 1,2% à 2,5%). Elles sont également moins gourmandes pour les retraits de cash. Mais, sur ce point, les utilisateurs qui retirent fréquemment de l’argent en Suisse ont tout intérêt à préférer une simple carte de débit (Maestro, etc.).
On l’a compris, ces nouveaux produits sont particulièrement intéressants pour les gens qui voyagent ou qui font leurs emplettes à l’étranger. Les néobanques ont néanmoins des inconvénients liés à leur digitalisation: pas de service client physique, impossibilité de déposer du cash, etc. Autre écueil: s’assurer que son compte de base est suffisamment approvisionné, car les découverts ne sont pas possibles.