Détenir un compte bancaire ne rapporte plus rien depuis belle lurette. La fortune des épargnants est, en plus, grignotée par des frais qui ne cessent de grimper. Pour compenser la baisse de leurs marges, de nombreuses banques ont augmenté, ces dernières années, leurs frais de tenue de compte et de dépôt. PostFinance en est un exemple frappant (lire «PostFinance fâche ses clients en modifiant ses frais bancaires»).
Jungle des tarifs
Comparer les coûts est particulièrement ardu en raison de la complexité de la tarification. Les instituts financiers ont des politiques très disparates en matière de frais de gestion ou encore de paiement. Il est nécessaire de définir précisément ses besoins pour choisir l’offre la plus intéressante. Changer de banque n’est pas compliqué et, en général, gratuit, à l’exception de quelques instituts qui facturent de modiques frais de clôture.
Nous avons établi un scénario de base comportant un compte bancaire pour les opérations courantes en ligne et une carte de débit (lire tableau). Ce classement est à prendre avec retenue. En fonction de son profil (situation familiale, fortune, cartes de crédit), on économisera des frais en choisissant une banque plutôt qu’une autre. On constate que certains établissements traditionnels ont des offres attrayantes, à condition d’utiliser exclusivement les canaux électroniques. Avec son ePack, la Banque Cantonale du Jura (BCJ), par exemple, ne facture ni la tenue de compte ni la carte de débit. Idem pour la Banque Migros et la Banque Cantonale Vaudoise (BCV), à condition d’avoir une fortune de respectivement 7500 fr. et 10 000 fr. Quant à la Banque Cantonale de Fribourg (BCF), elle prélève uniquement 30 fr. par an pour la carte de débit (Maestro).
Gestion traditionnelle pénalisée
Passer entièrement à l’e-banking permet d’alléger la facture. La gestion classique d’un compte coûte de plus en plus cher. Le blocage de la carte par téléphone, les ordres de paiement par courrier, voire les retraits d’espèces aux guichets peuvent coûter cher. Les différences de tarifs entre la gestion traditionnelle et l’e-banking devraient encore s’accentuer à l’avenir, estime Roland Bron, directeur de VZ VermögensZentrum pour la Suisse romande.
Renoncer à recevoir les documents par courrier permet de faire des économies: plusieurs formules numériques excluent déjà, de fait, cette possibilité. Selon le scénario retenu, seules la BCF et la Banque Cantonale du Valais (BCVs) offrent l’envoi des relevés de compte mensuels. Les autres établissements facturent, au minimum, les frais de port. Et PostFinance facture désormais l’option papier au forfait de 5 fr. par mois.
Le coût du papier
Certains clients les plus âgés, qui ne sont pas passés au numérique, sont particulièrement pénalisés. La facture papier reste un besoin pour de nombreux clients et devrait être prise en compte par les entreprises, regrette le Surveillant des prix Stefan Meierhans. «Un prix de 5 fr., comme celui demandé par PostFinance, nous paraît trop élevé et inéquitable», souligne-t-il.
Nous n’avons pas inclus dans notre exemple les coûts de retrait aux autres bancomats, les pratiques variant énormément d’une banque à l’autre. Là aussi, le constat est que la gratuité devient l’exception: seule la BCF offre cette prestation partout en Suisse. Raiffeisen inclut pour ses sociétaires 12 retraits par an. La Banque alternative suisse (BAS), qui ne dispose pas de son propre réseau de bancomats, propose pour sa part 10 retraits par mois.
L’offensive des néobanques
De nouveaux prestataires à bas prix ont fait leur apparition, ces dernières années. Ces néobanques offrent des services sans guichet, ni distributeur et les transactions s’effectuent exclusivement en ligne. Derrière ce terme, se cachent des prestataires très différents. Zak est l’application de la Banque Cler, tandis que CSX est la nouvelle offre numérique de Credit Suisse. De son côté, Yuh est le fruit d’une coentreprise entre PostFinance et Swissquote. Quant à la fintech zurichoise Neon, elle repose sur un partenariat avec la Banque hypothécaire de Lenzbourg.
Dans leur variante de base, ces banques sur smartphone ne prélèvent aucuns frais pour la tenue du compte et la carte bancaire. Leurs prestations sont généralement moins étoffées que les banques classiques. Elles sont plus utilisées en tant que complément d’un compte privé traditionnel. Certains de ces nouveaux produits, comme Neon ou Yuh, sont particulièrement intéressants pour les transactions à l’étranger, car ils proposent des taux de change plus avantageux.
Alexandre Beuchat