«Et si, lundi prochain, j’allais à la pêche au lieu d’allumer mon ordinateur?» En rangeant les flûtes à champagne, les nouveaux sexagénaires caressent souvent l’idée d’une retraite anticipée. Le rêve se heurte cependant à la réalité des chiffres. Si les règles de l’AVS sont les mêmes pour tous, les plans de prévoyance du 2e pilier sont variés. Il faut donc s’adresser à sa caisse de pension pour évaluer, avec précision, les conséquences d’une retraite anticipée.
AVS: cotiser jusqu’au bout
L’âge légal de la retraite est de 64 ans pour les femmes et de 65 ans pour les hommes. On peut avancer la perception de la rente AVS d’un ou de deux ans, mais il est impossible de l’anticiper d’un ou de plusieurs mois.
La rente mensuelle sera alors réduite à vie de 6,8% par année d’anticipation. Les rentes de veuf, de veuve ou d’orphelin seront aussi diminuées en proportion. A noter que les retraités qui ont des enfants mineurs ou encore aux études ne touchent pas la rente enfant pendant la période d’anticipation.
Il faudra en outre continuer de cotiser jusqu’à l’âge légal de la retraite, à raison de 482 fr. à 24 100 fr. par an selon la fortune et les rentes perçues. On peut obtenir gratuitement ce calcul auprès de la Caisse de compensation.
2e pilier: combler le fossé
Comme les bonifications augmentent avec l’âge, les années avant la retraite sont décisives pour la constitution de l’épargne du 2e pilier. Si on arrête de travailler plus tôt que prévu, le capital sera moindre. Or, pour la majorité des assurés, la rente est basée sur le montant de l’épargne (primauté des cotisations). Une anticipation d’un an a des conséquences sur le niveau de vie de la retraite.
Et ce n’est pas tout: le taux de conversion, qui permet de calculer le montant de la rente par rapport à l’épargne de prévoyance, sera aussi réduit de 0,2% par année d’anticipation en moyenne.
«En tenant compte de ces deux éléments, la plupart des caisses de pension réduisent la rente de 6% à 7% par année d’anticipation», explique Roland Bron, directeur de VZ pour la Suisse romande.
Un salaire par année d’anticipation
Pour calculer le coût d’une année d’anticipation pour un salaire de 90 000 fr., nous avons d’abord évalué la différence de revenu avant 65 ans (A), en tenant compte de la perte de salaire, des cotisations à verser et des rentes perçues. Au total, cela représente un trou de 13 100 fr.
Après 65 ans, la différence des rentes (AVS + 2e pilier) s’élève à 4300 fr. par an, soit 86 000 fr. sur 20 ans (B). Au total, le coût de l’opération est de 99 100 fr. (C) soit, grosso modo, l’équivalent d’un salaire annuel pour une année d’anticipation.
«Les avoirs du 3e pilier sont particulièrement indiqués pour combler cette lacune», relève Roland Bron. On peut aussi prendre les devants par des versements volontaires pour suppléer aux cotisations manquantes.
Il faut donc avoir les reins solides pour lever le pied avant l’heure… ou ne disposer que d’un revenu très modeste. Ceux qui n’ont que la rente AVS pour vivre auront en effet droit, dans tous les cas, aux prestations complémentaires pour boucler les fins de mois.
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Claire Houriet Rime