Une peinture de façade autonettoyante et résistante aux griffures, ce n’est pas de la science-fiction (lire Tout Compte Fait 12/2012).
Les connaissances manquaient en revanche jusqu’ici sur le comportement des nanoparticules composant ces enduits. Comment le dioxyde de silicium et les oxydes de titane, de zinc et de fer se disséminent-ils dans l’atmosphère, et quel est leur effet sur l’organisme?
Un programme de recherche mené sur 42 mois par le Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (EMPA) lève partiellement le voile. Premier constat: leur taux de dissémination de ces matériaux chimiques est très bas. Entre 1% et 2% seulement des nanoparticules parviennent dans l’environnement. De plus, elles sont souvent liées à des particules de plus grande taille, ce qui réduit leur dangerosité pour l’organisme. Leur effet sur les systèmes digestif et immunitaires est enfin, selon les connaissances actuelles, comparable à celui des peintures traditionnelles. Il n’est en revanche pas possible de déterminer aujourd’hui les conséquences d’une accumulation sur le long terme.
Les peintres qui travaillent avec ce type de matériau doivent toutefois impérativement suivre les consignes de sécurité que les fabricants ont l’obligation de joindre à ces produits. Une précaution d’autant plus utile qu’un nombre croissant de femmes potentiellement enceintes exercent cette profession.
Les représentants de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) qui ont participé au projet mettent toutefois un bémol. Les nanoparticules posent en effet une problème pour l’environnement au moment de leur élimination. L’OFEV s’est déjà penché sur la question. En résumé, on ne connaît pas encore exactement les propriétés physico-chimiques et les effets des nanomatériaux sur l'environnement à long terme. Lors de leur élimination, il faut donc veiller à ne pas les libérer dans la nature sans précaution.
L’OFEV estime en conclusion que, pour une maison dont la durée de vie est de 80%, l’utilisation d’un tel enduit se justifierait s’il «tenait» 30% plus longtemps. On économiserait ainsi une opération de revêtement. Mais, selon les experts, le coup de pinceau est souvent dicté par des raisons esthétiques, ce qui annule l’avantage de la durabilité souvent évoqué pour justifier l’usage d’une nano-peinture.
Claire Houriet Rime