Martin Senn de Crissier (VD) n’avait plus d’ordonnance valable pour son médicament contre le rhume des foins Aerius. Qu’à cela ne tienne, s’est-il dit, après avoir lu dans nos pages que ce médicament avait été déclassé et était désormais disponible sans visite médicale préalable (lire: «Toujours plus de médicaments sans ordonnance»). Quelle ne fut pas sa surprise quand la première pharmacie visitée a décliné de le lui vendre car il n’avait pas d'ordonnance. Dans la seconde pharmacie, une filiale Sun Store, il a obtenu de l’Aerius, mais après un entretien avec le pharmacien, facturé 12.50 fr. ainsi que des frais de documentation à hauteur de 7.50 fr. Soit une quittance de 28.05 fr. pour un médicament qui en coûte 8.05 fr. Tout cela à sa charge, car l’assurance maladie ne rembourse pas les médicaments délivrés sans ordonnance.
Plutôt une «remise simplifiée»
Il faut savoir que les médicaments de catégorie B disponibles sans ordonnance ne sont pas pour autant en vente complètement libre. D’ailleurs, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) parle de «remise simplifiée de médicament soumis à ordonnance». Dans ces cas, c’est le pharmacien ou la pharmacienne qui endosse la responsabilité de l’octroi du médicament. Une anamnèse, c’est-à-dire une information sur l’histoire de la maladie chez le patient, est nécessaire. Les pharmacies sont aussi tenues de documenter la remise du médicament dans un dossier au nom du patient.
Un sondage auprès de plusieurs officines de Suisse romande montre que les pratiques ne sont pas unifiées. Les grands réseaux ont mis en place des tarifs précis pour les consultations. Chez Amavita et Sun Store, tous deux appartenant au groupe Galenica, les frais de documentation s’élèvent à 7.50 fr. L’évaluation avec le pharmacien est facturée entre 12.50 fr. et 27.50 fr. selon sa complexité, mais une seule fois. Chez Benu, la prestation est facturée 18 fr. Si le client avait déjà acheté le médicament avec une ordonnance, il ne paiera que 8 fr.
Plusieurs pharmacies indépendantes disent ne pas encore facturer ces services, soit parce que la demande n’est pas très élevée, soit parce les démarches internes sont encore en cours. Toutes attirent l’attention sur le fait que ces réglementations sont nouvelles et que la mise en place prend du temps.
Quant à Martin Senn, il regrette que cette nouvelle régulation ne fasse pas baisser les coûts. C’est en effet pour les personnes avec une haute franchise que la remise facilitée de médicament est le plus intéressant.
Les organismes de protection des consommateurs demandent que l’assurance de base rembourse les médicaments listés également s’ils sont remis sans ordonnance par un pharmacien. Pour l’instant, ni les assureurs maladies ni les pharmaciens ne soutiennent un tel changement.
Sandra Porchet