Les shampoings de soin sont souvent appelés «2 en 1». Leur rôle est de nettoyer les cheveux, tout en les soignant comme des après-shampoings. Ma Santé a fait analyser dix d’entre eux, achetés en grandes surfaces. Notre but: rechercher 54 substances susceptibles de déclencher des allergies, selon le Comité scientifique européen pour la sécurité des consommateurs (CSSC). De l’eczéma peut apparaître en quelques jours, précise le Centre d’Allergies Suisse, ou, dans d’autres cas, après des semaines, voire des mois, de contacts répétés. Le laboratoire mandaté s’est également penché sur les substances problématiques pour l’environnement et les muscs polycycliques synthétiques, qui peuvent s’accumuler dans le corps (lire «Les critères du test»).
Les résultats? Trois shampoings obtiennent une très bonne note! Le Nature Box, le Nivea et le M-Classic ne contiennent ni parfums allergènes dans des concentrations supérieures à 100 mg/kg, ni muscs polycycliques et ils ne renferment que peu de substances dommageables pour l’environnement (voir tableau). Concernant ce dernier critère, la composition du Shampoing nourrissant à l’argan de Nature Box est particulièrement réjouissante, puisque les experts n’en ont trouvé que 5 mg/kg. En comparaison, le Head & Shoulders 2 en 1 Classic Clean en comprend 2054 mg/kg, soit 400 fois plus.
Le Nature Box est plutôt cher, avec un prix de 1.76 fr. aux 100 ml. Le M-Classic, qui a obtenu la même note finale (5.5), ne coûte que 0.53 fr/100 ml. Sa composition, cependant, inclut bien plus de substances nuisibles pour l’environnement (147 mg/kg).
linalol et limonène
A éviter
Sept shampoings renferment un ou plusieurs parfums allergènes dans des proportions dépassant 100 mg/kg.
C’est l’Elseve de L’Oréal qui en a le plus grand nombre (cinq!), dont du linalol et du limonène. Le linalol exhale une senteur douce et âcre de lavande. Le limonène a une odeur de citron et d’orange. Ces deux composés provoquent souvent des allergies lors d’essais cliniques. L’Oréal écrit qu’elle n’élabore plus le produit sous cette forme.
Les parfums n’ont pas de propriétés de soin ou de nettoyage. De nombreux fabricants ne veulent pourtant pas y renoncer. Les produits qui sentent bon se vendent mieux, car ils procurent une sensation de fraîcheur.
Toxique pour les organismes aquatiques
Certaines substances ne présentent pas seulement un problème pour la santé, elles sont également dommageables pour l’environnement. Ainsi, six shampoings contiennent du tetramethyl acetyloctahydronaphthalenes. Ce composé chimique répand une odeur boisée et florale. Les bases de données sur les produits chimiques de l’Union européenne (UE) et des États-Unis indiquent qu’il est toxique à long terme pour les organismes aquatiques. Malgré cela, il n’est pas obligatoire de le mentionner dans la liste des ingrédients.
Lorsque l’on se lave les cheveux, les substances dommageables pour l’environnement passent dans les eaux usées. Or, une étude de synthèse réalisée par l’Office fédéral allemand de l’environnement en 2019 montre que les stations d’épuration ne parviennent pas à filtrer complètement ces éléments, qui se retrouvent dans les eaux libres. C’est le cas de substances telles que l’hexyl cinnamal, le salicylate de benzyle et le limonène. Ce dernier est particulièrement prisé par les industriels. Les analyses confirment son utilisation dans sept des dix shampoings.
Le laboratoire a également trouvé du galaxolide, un musc polycyclique à fonction odorante, dans le Pantene et le Head & Shoulders. Selon la base de données de l’UE sur les produits chimiques, ce composé est très toxique pour les organismes aquatiques et il pollue durablement l’environnement. Le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs de l’UE relève qu’il peut aussi déclencher des allergies.
Coop écrit qu’elle renonce autant que possible aux substances allergènes dans le développement de ses nouveaux produits. Procter & Gamble, fabricant de Pantene et de Head & Shoulders, affirme que les substances utilisées ne sont dommageables pour l’environnement qu’en très grandes quantités.
Lukas Bertschi / seb
Les critères du test
Le laboratoire spécialisé Eurofins à Hambourg (D) a traqué une soixantaine de composés dans dix shampoings «2 en 1».
Parmi les produits chimiques recherchés figurent des parfums allergènes et des muscs polycycliques synthétiques. Ces derniers sont très toxiques à long terme pour les organismes aquatiques. De plus, ils peuvent s’accumuler dans le corps humain.
Les parfums allergènes peuvent déclencher des allergies et polluer les eaux. Ma Santé pénalise les shampoings lorsque leur concentration dépasse 100 milligrammes par kilo. Les quantités inférieures sont considérées comme sûres par le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs de l’UE (CSSC), y compris pour les personnes sensibles.